Jacques Chirac, transfiguré

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Sur Jacques Chirac, tout a été dit. La France lui a rendu un hommage plein d’affection, et c’est très bien. Peut-être a-t-elle aimé, plus qu’elle ne le laissait poindre, ce prodige d’action et de mouvement, jamais aussi à l’aise qu’au milieu des foules, l’homme qui a serré des millions de mains.

Alors, une fois le dernier souffle rendu, elle le lui a dit, à sa manière. En défilant, toute la nuit du dimanche 29 au lundi 30 septembre, devant son cercueil, aux Invalides. En découvrant, dans la nef de l’Eglise Saint-Sulpice, ce moment inoubliable où Daniel Barenboim interprète, à quelques mètres du défunt, l’Impromptu Op. 142 no2, en la bémol majeur, de Franz Schubert.

Candidats en campagne, vous pouvez considérer cet homme comme votre modèle. On peut discuter de son legs présidentiel, assurément, constater aussi l’inertie du second mandat, de 2002 à 2007, à part le courageux rejet de l’expédition de 2003 contre l’Irak. Mais l’homme en campagne, en candidat, était insurpassable. Je l’ai vu à l’œuvre, en présentant l’émission Forum en direct du meeting de second tour à Lyon, au milieu d’une foule immense, en avril 2002. C’était époustouflant.

Candidats, inspirez-vous de lui. Pas nécessairement pour ses idées. Mais pour son tempérament politique. Il aimait les gens, il les touchait, il les reconnaissait, il les tutoyait. Dans la chaleur de la foule, il était comme transfiguré. Seul un immense élan de sympathie, venu du plus profond de ses tripes, pour ses frères humains, et sœurs humaines, pouvait expliquer un tel prodige de proximité physique. Hommage à lui.