Faut-il se vacciner contre le Covid-19?

  • Pour les personnes identifiées comme à risques, la vaccination est une évidence.

    Pour les personnes identifiées comme à risques, la vaccination est une évidence. ©123rf/Alexey Poprotsky

PANDÉMIE • «La défiance observée vis-à-vis des vaccins est le résultat d’un véritable paradoxe constate un historien de la santé. Car en réalité, la vaccination a été victime de son succès. Au fur et à mesure de la disparition ou de la raréfaction des maladies contre lesquelles les vaccins protègent, leurs effets secondaires et les erreurs vaccinales ont de plus en plus été perçus comme intolérables par la population, surtout quand il s’agit de prévenir une maladie chez quelqu’un en bonne santé.»

Au départ en effet, que pesaient les problèmes vaccinaux face aux dizaines de millions de morts et de malades causés par les maladies infectieuses qui ont ravagé des générations entières? Car des problèmes vaccinaux il y en a évidemment, et l’histoire de la médecine en est largement émaillée. Le premier vaccin contre la poliomyélite par exemple a été à l’origine de la survenue de la maladie chez 200 personnes environ, un incident isolé dû au final à… une mauvaise inactivation du virus. Le vaccin contre l’hépatite B a longtemps été soupçonné d’induire des scléroses en plaques. Celui contre le H1N1 a causé des cas avérés de narcolepsie tandis que celui contre la rougeole-rubéole-oreillons serait responsable de troubles autistiques. Autant d’exemples qui nourrissent dans la mémoire collective la suspicion dont fait l’objet la vaccination.

Coût-bénéfice

Avec une question lancinante: faut-il ou pas se faire vacciner? «En réalité, cette question n’est pas la plus pertinente, ajoute un généraliste genevois. Car la seule question qui vaille est celle du coût-bénéfice. Que gagne-t-on à se faire vacciner, que perd-on si on ne se fait pas vacciner?» Dans le cas de pathologies à hauts risques en termes de mortalité ou de séquelles, le ratio coût-bénéfice penche à l’évidence pour la vaccination, en dépit des effets secondaires possibles de celle-ci, statistiquement minimes face aux dégâts occasionnés par les maladies. Le débat est plus ouvert pour des maladies moins létales comme la rougeole qui peut quand même tuer, les oreillons qui rendent les garçons stériles, la rubéole aux conséquences catastrophiques pour l’embryon chez la femme enceinte, la diphtérie qui peut occasionner de très sérieuses complications, etc.

Pesée d’intérêts

Et pour le Covid-19? Clairement la pesée des intérêts est plus difficile, rendue délicate par les incertitudes liées aux effets secondaires à long terme des vaccins actuellement disponibles, les effets à court terme semblant quant à eux s’inscrire dans ceux, transitoires, que l’on observe d’ordinaire dans toute vaccination: douleur et inflammation au point d’injection, courbatures fièvre et fatigue, etc. Sauf qu’en l’occurrence, le péril est immédiat: «Quand il y a le feu à la maison, résume notre généraliste, on ne s’occupe pas du futur papier peint, mais d’éteindre l’incendie. En moins d’une année, le Covid-19 a occasionné des dégâts sanitaires, économiques et sociaux à l’échelle de la planète tout entière. Pour les personnes identifiées comme étant à risques, la question de la vaccination ne se pose même pas. Quant aux autres, à elles de faire leur choix en toute conscience, en tenant compte du fait que des personnes jeunes et sans risque connu se sont retrouvées en réanimation.»