Grand flou autour de la fibromyalgie

 Pour le patient, cette maladie est d’autant plus difficile à vivre qu’une partie du corps médical en nie l’existence, que son diagnostic est complexe et sa prise en charge incertaine.

  • Fatigue et douleurs musculo-articulaires sont parmi les symptômes de la fibromyalgie. 123RF/CITALLIANCE

    Fatigue et douleurs musculo-articulaires sont parmi les symptômes de la fibromyalgie.© 123fr/Citalliance

Encore souvent considérée comme imaginaire, la fibromyalgie toucherait en Suisse entre 150’000 et 300’000 personnes, dont une très grande majorité de femmes entre 30 et 50 ans. Imaginaire car ses symptômes diffus, dont on peine à trouver la cause, déroutent bien des médecins, qui finissaient faute de mieux, et par facilité peut-être, par conclure à une origine «psychogène».

Les principaux symptômes de cette maladie rhumatismale, la deuxième la plus fréquente dans le monde après l’arthrose, et reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 1990, sont en effet tout ce qu’il y a de plus généraux: fatigue permanente, douleurs musculo-articulaires, troubles du sommeil et maux de tête. Des signaux que l’on peut associer à bien d’autres pathologies et qui en compliquent considérablement le diagnostic.

Maladie invalidante

Très invalidante et péjorant gravement la vie des femmes qui en souffrent, la fibromyalgie est en plus très fréquemment – près d’une fois sur deux –, associée à des symptômes dépressifs qui contribuent encore plus à brouiller les pistes du médecin qui cherche à en poser le diagnostic et qui s’entend souvent dire: «Je suis fatiguée, j’ai mal partout, je n’arrive pas à dormir, je digère mal, je n’ai envie de rien.» Alors qu’aucun examen biologique, radiologique ou autre, ne permet d’identifier avec certitude la maladie, le médecin en est ainsi réduit à s’appuyer sur son expérience et son intuition, ainsi que sur l’exclusion d’autres maladies pour en poser le diagnostic.

Pathologie de cause encore inconnue, des pistes génétiques, hormonales, neurologiques et environnementales (un stress est reconnu une fois sur deux comme facteur déclenchant) sont évoquées sans qu’aujourd’hui des éléments probants ne soient retenus. Avec pour corollaire que les traitements proposés sont tout aussi généraux que les causes possibles.

Traitement compliqué

La médecine se cantonne ainsi aujourd’hui à tenter d’en gérer les symptômes, à l’aide de médicaments (antalgiques, antidépresseurs et autres psychotropes), des exercices physiques avec ou sans physiothérapie, des techniques de relaxation, alors que les médecines parallèles peuvent également se révéler très utiles pour certains patients.

Enfin, dans tous les cas, un suivi au long cours et l’apprentissage par le patient de la gestion des manifestations de sa maladie s’avèrent indispensable pour espérer obtenir une amélioration notable de sa qualité de vie.