«Cherche légionnaire pour missions personnelles.» Tout commence par cette petite annonce qu’un quotidien français accepte de publier en ce début mars 1981 et qui attire l’œil d’un barbouze parisien au chômage. Le signataire de l’annonce veut faire éliminer son ex-femme contre qui il se bat dans une procédure de divorce compliquée.
Rien de très original, peut-être, sauf que le commanditaire est un célèbre producteur de vins de la Côte vaudoise, ami avec la plupart des «huiles» du canton. Un homme que l’on dirait volontiers «au-dessus de tout soupçon», un châtelain local qui a l’habitude que l’on exécute ses ordres et qui n’a rien trouvé de mieux qu’un tueur à gages pour écarter un problème qui lui pourrit l’existence.
Un barbouze scrupuleux
Seulement voilà, le malfrat est sans doute un sale type, mais il a des scrupules. Il suit l’épouse jusqu’à Haïti et retient son geste au moment de porter le coup fatal. Il fait pire encore, dans la trahison envers son «employeur»: il avertit la victime et se dépêche de retourner en France d’où son extradition sera impossible!
La justice s’en mêle, la presse fait les gros titres, le canton de Vaud n’en revient pas. Les audiences pénales se succèdent, les jugements soufflent le chaud et le froid. Après avoir littéralement secoué la région, l’affaire se termine sans cadavre et presque sans coupable. C’est une des plus invraisemblables sagas judiciaires vaudoises, racontée par Christian Humbert, témoin privilégié de l’époque.