Les films à l'affiche cette semaine

  • «La revanche des crevettes pailletées»

  • «Vortex»

«La revanche des crevettes pailletées»

COMÉDIE • Alors qu’elles sont en route pour les Gay Games de Tokyo, les Crevettes Pailletées ratent leur correspondance et se retrouvent coincées au fin fond de la Russie, dans une région particulièrement homophobe…

Après le succès largement mérité du premier volet, sorti en 2019, c’est un plaisir de retrouver cette belle équipe de water-polo gay pour de nouvelles aventures encore plus folles et engagées. Un plaisir joyeux et militant, qui rend cette comédie, souvent très drôle, profondément attachante et pertinente. Il faut plus de films comme celui-là au cinéma. Des films qui luttent contre l’homophobie et l’intolérance avec les armes les plus efficaces: beaucoup d’humour, beaucoup d’amour, et beaucoup d’extravagance.

Les comédiens sont tous magnifiques, avec une mention spéciale pour Romain Brau, qui crève l’écran une fois de plus. Si le tournage n’a pu se faire en Russie, le pays étant gangrené par l’homophobie jusque dans ses textes de lois, de nombreuses scènes ont été tournées en Ukraine. Et une partie de l’équipe du film, dont le comédien Vladimir Rashchuk ou le producteur exécutif Olias Barco, ont depuis pris les armes pour combattre l’envahisseur russe. La réalité a soudain une drôle d’emprise sur cette joyeuse fiction militante.

«Vortex»

DRAME • Chaque film de Gaspar Noé est une expérience de cinéma intense et radicale, pas toujours agréable. Le cinéaste aime explorer les profondeurs de l’être humain, son âme, son corps, ses peurs, ses désirs, jusqu’aux tréfonds de l’existence.

Après l’électronique et surexcité Climax, qui débordait de pulsion de vie jusqu’au point de rupture auquel mène toujours l’excès, place au contemplatif et inexorable Vortex qui filme sans complaisance et avec tendresse la fin de vie d’un couple d’octogénaires dont le corps et l’esprit partent peu à peu à la dérive.

On suit ces deux êtres, magnifiquement interprétés par Françoise Lebrun et Dario Argento, jusqu’à la fin, un dernier soupir en forme de libération et de déchirement. Comme leur fils (touchant et sombre Alex Lutz), on ne peut qu’assister, impuissant, à la dégringolade finale de la vie qui se carapate. Ces êtres-là, qui ont tant vécu, et que nous avons tant aimés, ne seront bientôt plus que des souvenirs, un cœur serré à leur évocation, parfois un sourire, une petite urne funéraire. Gaspard Noé cherche à apercevoir, observer, matérialiser ce point de bascule entre l’existence et la non-existence.

Vortex est un film exigeant, dur, implacable, mais en même temps rempli d’amour et de vie. Les deux sont ici maladroits et impuissants, jusqu’au dernier souffle. Françoise Hardy le chante d’ailleurs en ouverture: «On est bien peu de choses, et mon amie la rose me l’a dit ce matin.»