L’HOMME QUI GAGNE

Il ne fait ni bruit ni ramdam, ne prétend pas refaire le monde, il agit. Thierry Apothéloz, en ce début de législature, la deuxième pour lui au Conseil d’Etat, est l’homme qui marque des points dans le collège gouvernemental. Devant le parlement, il gagne, tout dernièrement encore avec la loi sur l’aide sociale et la précarité. Toute de lenteur et de patience, la méthode de ce vieux routier de l’exécutif impressionne par la qualité du maillage, le temps accordé à la constitution du réseau, la discrétion dans l’action politique. L’efficacité, plutôt que le clinquant.

Apothéloz, vingt ans d’exécutif. Quinze ans à l’exécutif de Vernier, deuxième ville du canton, longtemps la quatrième de Suisse romande. Et puis, cinq au gouvernement genevois. Une connaissance rare, en profondeur, des communes et des institutions genevoises. L’homme est discret, toujours aimable. Il est socialiste, et d’un ancrage viscéral, mais ne passe pas son temps à moraliser. En silence, il se fixe des objectifs, et prend le temps de les atteindre. Beaucoup de temps. Trop, disent ses adversaires, y compris à l’interne, qui auraient voulu un peu plus de mouvement dans la première législature. Lui patiente, et laisse mûrir.

Ainsi, dans ce gouvernement de droite, face à un parlement de droite, voici un ministre de gauche, fort bien réélu, qui fait son boulot, ne se laisse pas démonter, n’élève pas la voix. Et réussit à avancer. On partage ou non ses convictions. Mais la méthode est redoutable. Et pourrait servir d’exemple.