«La croix symbolise à quel point Dieu nous aime»
Mgr Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg
Pâques c’est ce dimanche 4 avril. Belle occasion d’évoquer les surprenants dessous d’un projet «spirituelo-caritatif» qui cartonne. Peut-être avez-vous déjà vu ces petites croix en olivier déposées en «libre-service» au fond de telle église ou temple genevois? Si ce n’est pas le cas, un exemplaire de cet objet artisanal produit par des chrétiens à Bethléem (Terre Sainte) pourrait ne pas tarder à arriver entre vos mains.
Leur promoteur n’est autre que Daniel Pittet. Or, tout ce que touche ce simple catholique du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, apprécié du pape François, se transforme en or pour de bonnes actions. Ses croix marchent déjà du feu de Dieu: 70’000 ont été disséminées en Suisse en trois mois!
«En ces temps de pandémie, la misère spirituelle est grande ici, tandis qu’à Bethléem, les chrétiens sont au bout du rouleau et ont besoin de travail pour ne pas s’enfoncer dans la misère matérielle», résume ce bibliothécaire de 60 ans. Privés depuis mars 2020 du tourisme qui est leur source de revenu principale, les 600 familles de la communauté locale du lieu de naissance du Christ sont à la peine.
Inspirée du Moyen Age
Comme de nombreux autres, le Service de la formation à la Mission ecclésiale de Genève a joué le jeu en achetant et distribuant une vingtaine de croix. «En ce temps de carême, cette initiative solidaire et concrète tombe à point. Les gens sont touchés par l’histoire de ces croix», constate l’agent pastoral Guillermo Kerber. C’est le cas d’Hélène et Emmanuel Horta, habitant Bernex, qui en ont acheté une dizaine. Ces protestants de naissance, plutôt bouddhistes de conviction, sont séduits par le volet solidaire du projet: «On distribue ces croix autour de nous, même si on sent parfois les gens un peu réticents à les prendre.»
La croix s’inspire des Pestkreuz distribuées en Allemagne lors des pestes pour demander la fin de l’épidémie. Les Pittet pensent qu’elle «alimente une gigantesque chaîne d’espérance» et rêvent d’en distribuer une à chaque pèlerin lors des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) en août 2023 à Lisbonne (Portugal). Cette famille de six enfants jeûne chaque soir depuis plusieurs mois et met à profit les 8 francs ainsi économisés pour financer les frais de port. Deux croix ont été postées dans chaque paroisse protestante et catholique du pays. Elles favorisent le plus souvent l’apport de petits dons mais aussi parfois de bien plus importants. L’association a reçu anonymement jusqu’à 10’000 francs d’un coup!
Un projet «tombé du ciel»
«C’est la belle convergence d’une aide humaine à des personnes en difficulté et d’un soutien spirituel réciproque, se félicite Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse qui a participé financièrement au projet. La croix symbolise à quel point Dieu nous aime. C’est ce que nous célébrons durant la Semaine Sainte.»
Et George Handal, qui pilote l’initiative à Bethléem pour Caritas, de conclure: «Ici, nous appelons ces croix Life Cross. Lorsqu’on les empoigne, on se sent protégé. Nos mourants rendent souvent leur dernier souffle avec leurs mains crispées dessus. Ce projet fait vivre 90 personnes. Il nous est tombé du ciel au moment le plus difficile et nous en sommes immensément reconnaissants!»