MONNAIE • Une décision datant d’un demi-siècle et qui affecte plus que jamais nos vies? Il y a cinquante ans, les Etats-Unis renonçaient à l’étalon-or. On peut ranger cet épisode dans les archives poussiéreuses de l’histoire, mais on aurait tort. Avec la fin de l’étalon-or, c’était la fin d’une certaine idée de la probité monétaire, de la monnaie forte, de la discipline fiscale, d’une stabilité du pouvoir d’achat.
Pour mémoire, jusqu’en 1971, les pays étrangers qui avaient des dollars en réserve pouvaient se les faire rembourser en or physique. Mais en août 1971, le président Richard Nixon a suspendu l’étalon-or pour accroître massivement la dette sans avoir à la garantir par de l’or. A partir de là, la dette a explosé, le dollar a chuté, tout comme le pouvoir d’achat des salariés.
Depuis 2001, la dette américaine a quintuplé à 29’000 milliards de dollars (26’600 milliards de francs). La planche à billets a financé des guerres sales (Afghanistan, Irak, Syrie, Libye, Yémen et d’autres ingérences). On peine à imaginer qu’en 1971 les Etats-Unis n’avaient que 400 milliards de dette (366 milliards de francs, une broutille vu d’aujourd’hui). A l’époque, il fallait 95 dollars pour acheter 1 once d’or, contre 20 fois plus aujourd’hui (1800-2000 dollars).
Les autres monnaies occidentales subissent la même dévaluation générale. Et comme le service de la dette est devenu exorbitant, les taux d’intérêt ont été supprimés, aux dépens des épargnants. En 2021, la confiance dans une monnaie repose plus que jamais sur la puissance militaire, qui seule permet de s’offrir un chèque en blanc. Mais les salariés et petits épargnants, que les Etats sont censés servir – et non l’inverse – sont les grands perdants.