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C’est un casse-tête! En ce mois de juin, alors qu’elle se plonge enfin dans l’organisation des vacances d’été, Olivia découvre la nouveauté de 2022: la rentrée aura lieu lundi 22 août. Soit sept semaines de pause estivale au lieu de huit. Une modification décidée par le Conseil d’Etat en mars 2020 et qui entre en vigueur cette année. «Nous avons l’habitude de passer les deux dernières semaines d’août avec notre famille qui habite en France. Résultat, cette année, mes deux enfants ne verront leurs cousins qu’une semaine au lieu de deux.» Et la mère de famille habitant en Ville de Genève de s’interroger avec un brin d’ironie: «Ne serait-il pas plus judicieux d’ajouter cette semaine en juin, période à laquelle les élèves du primaire et du cycle ne font plus grand-chose et sont sans arrêt libérés? Franchement, le 22 août, c’est encore le milieu de l’été! Bonjour la motivation!»
Elle n’est pas la seule à pester contre cette modification. Floriane, directrice financière adjointe et mère d’un enfant de 9 ans, scolarisé à Meyrin, ne cache pas sa déception: «Cela m’oblige à reconsidérer toute mon organisation. Nous avions prévu de nous rendre les deux dernières semaines d’août dans notre famille en Italie. C’est d’autant plus frustrant que la Covid nous a empêchés jusqu’alors de nous déplacer hors de Suisse. Et là, c’est le calendrier scolaire qui va nous obliger à écourter le séjour.»
Compliqué pour la garde alternée
Pas simple non plus pour les parents divorcés ou séparés. «Il est clair que c’est plus compliqué de se partager la garde avec 7 semaines plutôt qu’avec 8», souligne la députée verte Marjorie de Chastonay. Comme elle l’avançait déjà dans son rapport de minorité en janvier 2019, «le rythme des enfants devrait être la priorité!» Pour les Verts, l’idéal consisterait à enchaîner: huit semaines d’école, deux semaines de vacances, etc. «Il est difficile pour les élèves d’avoir seulement une semaine ou dix jours tout au plus à l’automne, en février et à Pâques, poursuit la députée. De plus, il faudrait détacher les congés de printemps du calendrier religieux, afin d’assurer une plus grande régularité.» Résultat, les vacances d’été dureraient six semaines.
Une solution qui ne satisfait pas le député d’Ensemble à Gauche, Olivier Baud. «Le plus aberrant dans ce changement, c’est que pour 2022, il n’y a pas eu de compensation. Les vacances de Pâques n’ont duré que dix jours et le pont de l’Ascension n’a pas été accordé. Les élèves ont tout simplement perdu une semaine de vacances. C’est mathématique!»
Au sujet de la date de reprise, Olivier Baud ne cache pas son inquiétude: «Il fait déjà une chaleur à tomber en ce moment alors, imaginez la dernière semaine d’août! Ça va être sympa d’enfermer les élèves dans des salles de classe.» Enfin, en tant que membre de la Société Pédagogique Genevoise (SPG), il relève que les enseignants vont, eux, devoir faire leur rentrée le 15 août. «Quand on veut changer quelque chose d’aussi important, on discute avec les partenaires, on cherche un compromis», lance Olivier Baud, fustigeant le Département de l’instruction publique (DIP).
Une critique que le DIP réfute tout de go. «Le calendrier scolaire a fait l’objet de nombreuses discussions et de débats parlementaires ces dernières années», indiquait le Conseil d’Etat dans un communiqué daté du 30 mars 2020. Et de rappeler que la réforme s’appuie sur une enquête menée auprès des familles en 2017.
150 organismes consultés
S’ajoute une consultation réalisée en automne 2019 auprès de plus de 150 organismes et institutions partenaires concernés, tels que des associations et institutions en lien avec l’enfance et la jeunesse, des associations de parents et de familles et des associations professionnelles d’employés et d’employeurs. «75% des organismes ou institutions se sont déclarés satisfaits, se félicite le DIP. Cette proposition a de plus été soutenue par le Grand Conseil.»
Mais aussi par d’autres parents interrogés par nos soins qui, contrairement à Olivia et Floriane, se réjouissent de cette reprise anticipée. «Je trouve bien de remettre les enfants au travail. Et, ça fait une semaine de moins à s’en occuper», lance tout sourire Evelyne, une maman surbookée.