Pères

  • ©OLIVIER JAQUET

La semaine passée un père enlève ses deux enfants. L’homme se justifie dans une lettre de manière tendancieuse, menaçante: «Tant qu’ils seront avec moi, ils seront préservés de tous dangers.» Sa garde lui avait été retirée et il est visé par une mesure d’éloignement superprovisionnelle sur la base d’une expertise médicale. C’est du sérieux: la justice a évalué que cet homme représente un danger pour ses enfants – d’ailleurs l’enlèvement lui donne raison. Du coup, j’ai été un peu étonnée de lire des témoignages de sympathie envers cet individu sur les réseaux sociaux. On peut penser que les pères n’ont pas suffisamment de droits, mais là, c’est quand même chaud.

En mars dernier, un homme dépressif tue son enfant de 4 ans à Avully avant de retourner l’arme contre lui. En 2015, un père se jette avec ses enfants des falaises du Creux-du-Van, après une décision de justice «défavorable» concernant leur garde. En 2011, un père tire sur ses deux enfants à Bulle: sa conjointe lui avait demandé de quitter le domicile. Un des deux enfants est mort. En 2010, un père tue ses deux enfants et tire sur leur mère dont il était séparé, avant de se donner la mort en Valais. En 2004 à Fribourg, un père égorge son fils au cutter, après une séparation. Visé par des mesures, il s’était enfui avec l’enfant.

La police prenait l’enlèvement du 22 novembre très au sérieux pour de justes motifs: quand un père dangereux enlève ses enfants, l’issue est parfois dramatique. Les personnes qui enlèvent des enfants, quels que soient leurs motifs, ne méritent pas notre sympathie. Ce faisant, ils agissent avec violence envers eux, potentiellement les traumatisent, parfois les tuent.

J’écris cette chronique un 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Je suis soulagée de savoir que les petits ont été retrouvés, je suis en solidarité avec leur mère qui a dû craindre le pire, et j’invite les lecteurs à s’informer sur les violences au sein du couple qui touchent également les enfants. Lire également notre article Divorce: "Le père paye et ferme sa g..."