Ils sont comédien, politiciens, restaurateur, historien, etc. Chacune de ces personnalités nous raconte l’événement qui, à ses yeux ou dans sa branche, a marqué l’année 2022. Sans surprise, plusieurs d’entre eux mettent en avant la guerre en Ukraine. L’offensive russe contre son voisin a débuté le 24 février.
L’historien Claude Bonard relève «les incidences de ce conflit dans la vie quotidienne des gens sur tout le continent et jusqu’à Piogre, avec la fragilité de notre approvisionnement énergétique et les secousses économiques qui en découlent».
Un constat que partage le président de la Fédération des entreprises romandes, Ivan Slatkine: «La guerre en Ukraine a eu un impact sur les prix de l’énergie qui vient réduire nos marges. S’ajoutent la politique zéro Covid en Chine et la hausse du prix des matières premières. Remplis d’espoir avec la sortie de la crise sanitaire, ces événements ont refroidi notre enthousiasme.»
Cet effet «douche froide», c’est aussi ce qui a marqué 2022 aux yeux du président du Conseil d’Etat Mauro Poggia. «La Commémoration du 1er juin a été un moment marquant, dans la mesure où les Genevois ont renoué avec une grande manifestation publique, après deux ans de privations. Malheureusement, le soulagement de voir les cas Covid diminuer, a été douché par l’extension du conflit en Ukraine.»
La maire de la Ville de Genève, Marie Barbey-Chappuis a, elle aussi, été marquée par l’actualité internationale que ce soit «la souffrance terrible du peuple ukrainien» mais aussi «le décès de cette jeune iranienne, Mahsa Amini, morte pour une mèche de cheveux qui dépassait de son voile».
Dans un registre plus festif, nombre de nos interlocuteurs relèvent la joie de retrouver les événements collectifs. Le capitaine du Genève-Servette Hockey Club, Noah Rod salue le come-back des «events en tout genre qui sont synonymes de retour à la normale après le Covid: les matchs de hockey et de foot bien sûr, mais aussi les marchés de Noël et l’Escalade». Même son de cloche, ou plutôt de fifres et tambours, pour Sophie Courvoisier. La directrice d’Alzheimer Genève s’est, elle aussi, réjouie du retour du cortège historique. A cette liste, Marie Barbey-Chappuis ajoute «les festivités du 1er Août avec la traversée de la Rade par Nathan Paulin devant une foule immense. Un beau moment d’émotion pour moi comme maire de Genève».
Quelques ombres au tableau toutefois, à l’instar de «la triste saga de l’agonie de notre Salon International de l’Automobile et son mirage de sable», dixit Claude Bonard. Anthony Castrilli président du Groupement professionnel des restaurateurs et hôteliers est, lui aussi, un brin pessimiste à l’heure de dresser le bilan de l’année. Il déplore «l’obligation soudaine, pour des restaurateurs déjà esquintés par des mois de Covid (enfin derrière nous), de fermer leurs terrasses à minuit (ndlr: du dimanche au jeudi)… A laquelle s’ajoute une augmentation frappante des prix de l’énergie et du coût des matières premières. Autant d’événements qui n’étaient pas vraiment sur notre liste au Père Noël, mais que le soutien des Genevois a tout de même permis de compenser.»
Poursuivant inlassablement son combat contre la précarité, la présidente de Caravane sans frontières, Silvana Mastromatteo estime, elle, que «l’événement le plus marquant, c’est le fait de ne pas pouvoir avoir un lieu cet hiver pour accueillir les personnes sans-abris car les places manquent malgré les efforts accomplis». Dans son domaine d’activités, Sophie Courvoisier évoque «les récentes annonces de la recherche médicale pour les malades Alzheimer qui ont été un point fort de l’année 2022. Il nous reste à espérer que le nouveau médicament sera bientôt accessible aux Genevois touchés par la maladie.»
Interrogée à son tour, la comédienne et humoriste Claude-Inga Barbey revient sur «la polémique qui a eu lieu à l’université de Genève en mai, lors de la parution de deux livres de psychanalystes: Le sexe des modernes d’Eric Marty et La fabrique de l’enfant transgenre de Caroline Eliacheff et Céline Masson. Des conférences ont été interrompues par un groupe d’activistes avec lesquels aucune discussion ne s’est avérée possible, rappelle-t-elle. L’université a d’abord déposé une plainte à l’encontre des activistes, pour la retirer quelques semaines plus tard. Je me suis dit que si même une institution comme l’université avait peur de ces minorités et de leurs réactions, on n’allait pas vers le beau...»
Dans le monde judiciaire, l’avocate Lorella Bertani note «la modification du Code pénal en lien avec les infractions sexuelles. Avec notamment, le fait de retenir que toute pénétration, quelle qu’elle soit est un viol. Enfin! Cela se passe certes à Berne, mais aura des conséquences sur la justice de notre canton», souligne-t-elle.
Côté culture, celle qui est aussi présidente de la Fondation d’art dramatique cite «le choix de la nouvelle direction pour la Comédie de Genève. Un processus absolument passionnant, fait d’échanges enthousiasmants». Cet élan, c’est aussi celui du dessinateur Tom Tirabosco, qui, en 2022, a sorti son premier court métrage d’animation, «La baleine, sur lequel je travaillais avec mon collègue Leandro Basso depuis plus de quatre ans». Cerise sur le gâteau: «Nous avons gagné le Prix du public lors du dernier festival Animatou.»
Last but not least, l’ancien conseiller d’Etat qui préside la Fondation Praille-Acacias-Vernets, Robert Cramer salue «le vote du conseil municipal de la Ville de Genève sur le plan localisé de quartier Acacias 1. Un événement d’une importance comparable aux décisions qui ont amené à la construction du Léman Express, cela même si cette décision n’est pas encore définitive puisqu’un référendum a abouti», estime-t-il.