Etienne, 45 ans. Lors de nos ébats sexuels, j’aimerais que mon épouse me domine. Après 25 ans de mariage, je ne parviens pas à le lui dire. Je ne suis pas convaincu d’être tout à fait normal.
Encore cette sérénade de la normalité. Je ne le répéterai jamais assez. Penchons-nous davantage sur l’aspect de la loi plutôt que sur celui de la morale. Votre question m’inspire deux choses: comment, après tant d’années de vie commune, des couples ne peuvent évoquer leurs fantasmes sans craindre une réaction de rejet ou de moquerie? Pourquoi le «jeu sexuel» dans le couple est-il un aspect si peu discuté et honteux? Je pense que la peur du jugement est la principale raison à ces silences.
Nous sommes des êtres jugeants et c’est heureux. Car, nous devons rapidement évaluer les signaux qui nous disent si une personne est amicale ou non. Mais, notre pratique quotidienne de juger et parfois même «jauger» peut nous amener à nous faire une opinion défavorable et définitive. L’homme dominé sexuellement et la femme qui domine n’échappent pas à ce jugement hâtif et spéculatif. L’homme qui voudrait être sexuellement dominé serait faible, pervers, féminin, peu viril et la femme dominante serait castratrice et masculine. Nous revoilà dans une vision du dominé/dominant réduite à des considérations sexistes. Toutes fantaisies (légales) devraient pouvoir se vivre dans l’intimité d’un couple car avec qui d’autre, sinon avec la personne qui partage votre vie. Et, c’est là que le bât blesse. Lorsqu’un couple se forme, à quel moment visite-t-il ou revisite-t-il sa sexualité sans penser que tout est remis en question? Le risque peut paraître trop grand, je le sais mais je connais aussi le risque de passer à côté de ses désirs et ses plaisirs. Votre question nous amène à nous interroger sur la complicité et l’intimité du couple. Merci pour cela.
Envoyez vos questions à sexologue@ghi.ch. Merci de préciser votre âge. Pour rappel, la chronique ne remplace pas une consultation. Le cabinet de Norah Lounas est situé av. Henri-Dunant 2.