Plus douce, la vie?

Nous n’allons plus du tout au restaurant. Ni dans les musées. Ni au théâtre. Ni au cinéma. Ni au concert. Ni à la danse. Les stades sont vides, ou alors à huis clos. Les bureaux ressemblent à des vaisseaux fantômes. Les gens, où sont-ils? Au télétravail, nous dit-on. Autant dire, à l’ouest. Quelque part, derrière un écran. Sur zoom. Sur Sirius.

Nous n’invitons plus grand monde, vie sociale zéro. Nous nous donnons des nouvelles, par ordinateur. L’écran A informe l’écran B. On a connu des moments plus charnels.

Nous vivons des temps étranges. Nous mangeons chez nous, et en plus c’est excellent. Nos amis? Si loin, au bout du monde. Nos voisins? Furtivement, sous le masque, devant la porte d’ascenseur. Le soir, télé, ou lecture. Moi, je suis fou des chaînes Mezzo et Stingray Classica, fou à lier. C’est ma drogue.

Alors, quoi, est-ce une vie? Tout dépend des tempéraments. Mais enfin, beaucoup d’entre nous pètent les plombs, vont voir des psys. Pour nos amis restaurateurs, c’est la catastrophe. Pour la culture aussi, les hommes et les femmes qui la font. A eux, toutes nos pensées. Ils nous manquent.

C’est une vie, et ça n’est pas une vie. Je pense aux jeunes, aux étudiants, aux apprentis, aux chômeurs, aux assistés; que leur dit tout ce vide? C’est à eux que nous devons songer, en absolue priorité. Notre société doit leur dire qu’elle a besoin d’eux. Ou alors, c’est elle qui mourra. D’inanition.