Profs, enseignez notre Histoire politique!

MÉMOIRE • L’Histoire suisse? Mais elle est totalement passionnante! Nos partis, nos institutions, nos assurances sociales, les combats pour l’égalité, tout cela doit être enseigné. Beaucoup plus, et beaucoup mieux, qu’aujourd’hui.

  • Derrière les canons de la Vieille-Ville, trois fresques représentent des périodes-clés de l’Histoire de Genève. DR

    Derrière les canons de la Vieille-Ville, trois fresques représentent des périodes-clés de l’Histoire de Genève. DR

Profs d’Histoire, ça vous arrive, de temps en temps, d’aborder avec vos élèves le cheminement de nos idées politiques, la genèse et le développement de nos partis en Suisse, disons depuis la Révolution française? Pour être exact: depuis la République Helvétique (1798), ou tout au moins depuis le printemps des peuples de 1848, l’année de la création la Suisse fédérale, de la Suisse moderne.

L’Histoire du parti radical, le grand parti qui a fait la Suisse, sept conseillers fédéraux sur sept, de 1848 à 1891. Ces radicaux qui ont forgé nos institutions, créé les grandes écoles fédérales, lancé le pays dans l’aventure industrielle et ferroviaire, percé le Gothard, développé la chimie bâloise, la banque, les grandes assurances. Un legs incomparable, même face à leurs homologues de la Troisième République, en France.

Démocratie chrétienne

Profs d’Histoire, parlez-vous avec vos élèves des autres courants politiques de notre destin national? L’Histoire de ce qu’on appelle aujourd’hui la démocratie chrétienne, en bref le parti catholique, favorable au Pape, vaincu du Sonderbund, pendant ces quarante-trois années d’opposition. Les nuances, canton par canton, à l’intérieur de cette famille catholique: les conservateurs, les chrétiens-sociaux, l’aile syndicale, les Noirs, les Jaunes. Totalement passionnant! Comment voulez-vous comprendre la politique valaisanne, jurassienne, fribourgeoise, et même genevoise, sans une connaissance intime de cette palette?

Le long chemin de la gauche

Profs d’Histoire, évoquez avec vos élèves le long chemin de la gauche, en Suisse, les Socialistes par exemple, pour parvenir enfin aux affaires, en pleine guerre, en 1943, au Conseil fédéral. Là aussi, donnez les nuances: entre Communistes et Socialistes, entre gauche participative et gauche plus radicale, entre partisans de la lutte des classes et sociaux-démocrates. Là aussi, enseignez cette Histoire canton par canton. Notre Suisse est plurielle, nuancée, magique et fragile jusque dans ses différences.

Prodigieuse Histoire suisse

Profs d’Histoire, enseignez la genèse de l’UDC, du parti agrarien du Bernois Rudolf Minger jusqu’à aujourd’hui, en passant par Ogi et Blocher. Ces partis-là, et puis tous les autres bien sûr, les Verts, les Libéraux. Et par pitié, pas seulement les partis! La prodigieuse Histoire de nos assurances sociales, des premiers contrats collectifs jusqu’à la grande date de 1947, la décision d’introduire l’AVS. Et puis, plus tard, la prévoyance professionnelle, les assurances maternité, le long combat de l’égalité entre hommes et femmes.

Notre Histoire suisse est l’une des plus passionnantes d’Europe. Il n’y a, en elle, rien d’ennuyeux. Juste un long chemin de destin, celui des humains qui, patiemment, ont construit ce magnifique pays. Et notre démocratie directe! Et l’Histoire de nos initiatives!

Profs d’Histoire, enthousiasmez vos élèves. La Suisse le mérite. Son chemin, au milieu de l’Europe, est absolument remarquable. Elle n’a pas à en rougir. Un élève, lorsqu’il quitte l’école pour entrer dans la vie professionnelle, doit avoir ces connaissances-là. C’est votre devoir de les transmettre.