Projet de budget 2022: l’Etat prévoit un déficit de 460 millions

FINANCES PUBLIQUES • Grâce à une hausse des revenus plus forte qu’attendu, le projet de budget est moins déficitaire que prévu. Explications.

  • Le projet de budget de l'Etat 2022 a été présenté ce jeudi 16 septembre au Collège Voltaire. MP

Pas si pire… Tel pourrait être le sous-titre du projet de budget de l’Etat 2022 (PB2022). Détaillé par le gouvernement devant une kyrielle de députés (lire encadré) puis la presse, ce jeudi 16 septembre au Collège Voltaire, il présente un déficit de 460,2 millions de francs, correspondant à la différence entre les charges de fonctionnement qui s'élèvent à 9498 millions (+1,4% par rapport au budget 2021) et les revenus de 9038 millions (+6,1%). 

Rappelant que le plan financier quadriennal 2021-2024 prévoyait un déficit de 559 millions de francs en 2022, le gouvernement souligne: «Malgré le prolongement de la crise, le résultat au projet de budget 2022 est inférieur au déficit prévu.» 

Forte croissance des revenus fiscaux

Aux yeux du Conseil d'Etat, «la forte croissance des revenus fiscaux estimés en 2022 semble démontrer la résilience de l'économie genevoise, notamment grâce à la politique de soutien aux entreprises par les autorités». Et la ministre des Finances, Nathalie Fontanet de préciser: «Les revenus sont supérieurs à ceux attendus, même s'il faut faire preuve de prudence...»

Du côté des revenus toujours, la participation financière des communes aux charges assumées par le Canton revient sur la table. Le PB2022 compte sur une rentrée de 41,7 millions… Mais, il y a fort à parier que les communes ne vont pas l'entendre de cette oreille.

364 postes de fonctionnaires supplémentaires

Même colère chez les députés PLR et PDC. Avant même la présentation du PB2022, l'Entente a annoncé dans le quotidien «Le Temps» le lancement d’une initiative afin de bloquer l'embauche de fonctionnaires en cas de budget déficitaire. Or, le projet budget 2022 prévoit 364 postes supplémentaires (un chiffre auquel il faudra retrancher 49 postes liés au Covid et supprimés dans le courant de l'année), «principalement affectés aux domaines de la formation, du numérique et de la sécurité», et ce, selon le président du Conseil d'Etat Serge Dal Busco, «pour répondre aux besoins de la population».

Concernant la hausse des effectifs du Département de l'instruction publique, il s'agit, selon la conseillère d'Etat Anne Emery-Torracinta, de répondre notamment à «la hausse du nombre d'élèves». En matière de sécurité, le magistrat Mauro Poggia souligne la volonté de «faire face à la surpopulation carcérale». 

De son côté, Antonio Hodgers, magistrat en charge du Territoire, détaille, quant à lui, la hausse des investissements pour mettre en œuvre le plan climat et les projets liés à la transition écologique. Quant à Fabienne Fischer, conseillère d'Etat chargée de l'Economie et de l'Emploi, elle évoque le financement d'un «programme d'accompagnement à la reprise» en faveur des entreprises. Selon Nathalie Fontanet, les coûts liés à la crise Covid pèsent à hauteur de 180 millions sur le PB2022 (ils s'élevaient à 485 millions en 2020 et sont à ce stade estimés à 180 millions en 2021).

De «consternant» à «plutôt satisfaisant»

MP • Jean qui rit, Jean qui pleure… Le moins que l'on puisse dire, c'est que les réactions des députés sont contrastées au sortir de la présentation du Projet de budget de l’Etat 2022. La droite élargie se déclare «consternée», tandis que le parti socialiste est «plutôt satisfait». Voilà ce qu'en disent les membres de la commission des finances:

Murat Julian Alder (PLR): «Je relève que le Département des finances et des ressources humaines de la conseillère d'Etat Nathalie Fontanet est le seul à réduire ses charges. Ses collègues gagneraient assurément à prendre exemple sur notre grande argentière et à chercher des sources d'économies au lieu de facturer sans cesse des charges supplémentaires aux générations futures.»

François Baertschi (MCG): «Un budget très dépensier et hostile aux retraites des fonctionnaires préparé par un Conseil d'Etat avec une majorité absolue PS-Verts.»

Jacques Blondin (PDC): «Les mesures structurelles visant à rechercher l'équilibre budgétaire ne sont de loin pas suffisantes! La création d'un nombre élevé de nouveaux postes ne répond pas à notre attente. Les déficits chroniques demeurent élevés ce qui conduit en quatre ans à un cumul de plus de 1 milliard de francs! Le PDC en l'état n'entrera pas en matière sur ce projet de budget.»

Jean Burgermeister (EAG): «La nouvelle majorité du gouvernement poursuit la politique de la majorité de droite. Ce budget ne répond pas aux besoins de la population sur le front sanitaire et social et maintient les économies sur le dos de la fonction publique.»

Boris Calame (Verts): «Il faut regretter que le Conseil d’Etat ne veuille pas s’accorder avec les communes afin de leurs transférer des compétences, pourtant attendues et financées par celles-ci. En effet, en maintenant son projet de loi dit «écrêtage», le Conseil d’Etat part au clash avec les communes et met en péril le transfert envisagé de la FASe (Fondation genevoise pour l’animation socioculturelle) en 2022.»

Eric Leyvraz (UDC): «Tout le monde dans le privé limite les dépenses, l'Etat demande 364 postes supplémentaires!»

Thomas Wenger (S): «Dans un contexte difficile de Covid, c’est un budget 2022 presque inespéré, le premier du nouveau Conseil d’Etat à majorité socialiste-verte, avec davantage de moyens pour lutter contre les crises sociale, sanitaire et environnementale.»