«Quand on attrape le virus des mots, il n’y a pas de vaccin»

En 2000, Mahlya de Saint-Ange a pris une retraite anticipée pour se consacrer à sa passion: l’écriture. Aujourd’hui, elle a publié 29 romans. Elle y explore la vie et avant tout, l’humain. Rencontre anti-crise inspirante.

  • Mahlya de Saint-Ange s’est passionnée pour l’écriture dès son plus jeune âge. KJ

    Mahlya de Saint-Ange s’est passionnée pour l’écriture dès son plus jeune âge. KJ

«Ah non, on ne peut toujours pas se serrer la main!» C’est ainsi que nous accueille Mahlya de Saint-Ange dans sa maison de Chêne-Bougeries. Un accueil chaleureux. Mais très vite, on sent le fort caractère de la septuagénaire. «D’une façon générale, j’aime les gens qui savent s’affirmer, confie-t-elle. Je n’aime pas beaucoup le doute.» Mahlya de Saint-Ange n’a d’ailleurs pas très bien vécu la crise du Covid-19: «Je suis quelqu’un qui se renseigne. Et dans cette crise, il y a eu trop d’incertitudes. J’y ai consacré un livre (ndlr: L’iris noir).»

L’amour des mots

Un ouvrage qui s’ajoute à une longue série. Mahlya de Saint-Ange a en effet pris une retraite largement anticipée en 2000, afin de se consacrer à sa passion, après avoir travaillé au Palais des Nations, puis pour une société de tir en tant que secrétaire de direction. Née à Genève, d’un père français et d’une mère italienne, l’écrivaine a trouvé un équilibre dans un contexte familial que tout opposait. «J’ai eu un père dictateur et une mère soumise, venant de deux classes sociales bien différentes, confie-t-elle. Ça forge le caractère. Je vivais un peu comme une sauvage. Et l’amour des mots m’est venu dès le plus jeune âge. A 9 ans, mes camarades de classe me demandaient d’écrire des poèmes pour leur amoureux ou leur amoureuse.»

Cette passion s’est ensuite renforcée au fil des ans, en particulier pendant ses vacances scolaires en Bourgogne auprès de son grand-père paternel, chef d’orchestre et compositeur, où elle a été bercée au son des répétitions d’opéras et d’opérettes. «Quand on attrape le virus des mots, il n’y a pas de vaccin.» Mahlya de Saint-Ange explore tous les univers qui s’offrent à elle: des histoires qui traitent de l’amour, de l’amitié, mais également d’animaux ou de robotique. «Je suis très ouverte, explique la septuagénaire. Et je pense que c’est cela qui m’aide. Une petite phrase peut m’interpeller, par exemple en lisant le journal. Mais par-dessus tout, j’aime traiter du mystère de l’être humain. Il m’est arrivé de faire mourir un de mes personnages et d’en pleurer.»

«J’aimerais mourir en écrivant»

Car l’auteure est avant tout altruiste. «Mais je sais me défendre!» souligne-t-elle. Et à travers l’écriture, elle fait aussi passer certains messages. «J’ai plusieurs devises, mais selon moi rien n’est impossible quand on a l’espoir et l’audace.» Et d’ajouter: «Et sachez pardonner! Je l’ai appris à 60 ans. Je pense que c’est primordial. Quiconque a le droit d’avoir des idées différentes des nôtres.» Aujourd’hui, Mahlya de Saint-Ange est l’auteure de 29 romans. Six autres vont être publiés prochainement. Et elle ne s’arrêtera pas là: «J’aimerais mourir en écrivant.»