Samuel Beckett revisité à Carouge

  • Winnie est une femme à moitié enterrée. Du pur Beckett! ANOUK SCHNEIDER

    Winnie est une femme à moitié enterrée. Du pur Beckett! ANOUK SCHNEIDER

Winnie est une femme dont la moitié du corps dépasse d’un monticule d’herbe brûlée. Oui, vous avez bien compris, elle est à moitié enterrée. Ce qui ne l’empêche pas d’occuper la scène comme personne dans Oh les beaux jours, une tragicomédie en deux actes écrite par l’immense Samuel Beckett, qui met également en scène Willie, un être invisible et endormi.

Winnie est interprétée par la talentueuse Anne Durand qui semble née pour ce rôle. Passant allégrement de l’humour à la profondeur, avec un zeste bienvenu de légèreté. L’ensemble est mis en scène par Claude Vuillemin. Un habitué des scènes romandes dont le succès ne se dément pas au fil des années. Cette fois encore, il fait mouche en réinterprétant cette histoire imaginée à New York en 1961 par Samuel Beckett. Une histoire qui met en lumière la complexité de la condition humaine. Son auteur y sonde un sujet mélancolique, teinté d’humour, qui, aujourd’hui peut-être plus qu’à l’époque encore, nous interpelle et nous va droit au cœur: comment pouvons-nous, fragilisés par les effets du temps, vivre, ressentir et espérer le bonheur?

Les minutes passent et Winnie débute le second acte, toujours enterrée mais jusqu’au cou cette fois-ci. Elle se demande si son sort préoccupe encore quelqu’un. Elle n’arrive plus vraiment à voir les différentes parties de son corps. Néanmoins, elle reste digne malgré son désarroi. On ne voit plus Willie et Winnie se sait à présent totalement seule. Pourtant, il apparaît tantôt, sorti de nulle part et s’approche face à elle. Elle qui lui demandait parfois de ne pas rester derrière elle, car elle souhaite le voir, voit son désir satisfait. A découvrir au Théâtre de Carouge jusqu’au 13 juin. 

«Oh les beaux jours», Théâtre de Carouge, du 14 mai au 13 juin, www.theatredecarouge.ch