Petrópolis, l’impériale

Située au nord de Rio de Janeiro, la «ville de Pierre» fait figure de cité alpine. Fondée en 1843, elle fut la résidence d’été des aristocrates. Elle attire toujours intellectuels et touristes.

  • Le palais d’été de l’empereur Pierre II devenu le Musée impérial du Brésil.

    Le palais d’été de l’empereur Pierre II devenu le Musée impérial du Brésil.

  • L’architecture témoigne de l’opulence de la bourgeoisie locale.

  • Une hôtellerie de charme (et de luxe).

  • Une hôtellerie de charme (et de luxe).

  • Le Palais de Cristal fut le premier bâtiment préfabriqué de l’histoire du Brésil.

  • Le somptueux carrosse impérial, récemment restauré.

  • Les céramiques de Luiz Salvador sont une spécialité locale.

«Je viens de passer trois ans à Rio pour mes études, et me voici de retour à Petrópolis, ma ville natale. Bien sûr, l’effervescence de la mégapole va me manquer, mais je n’y retournerais pour rien au monde. Ici, je me sens vraiment en sécurité», confie Cristina, 22 ans, dans un anglais parfait. Ses connaissances linguistiques ont facilité son engagement en tant que guide aux brasseries Bohemia, vaste édifice industriel réhabilité en un musée de la bière (rien à envier à celui de Guinness, à Dublin), une attraction touristique appréciée des Brésiliens et des visiteurs étrangers de passage dans cette ville située à 68 km au nord de Rio de Janeiro.

Influence germanique

La jeune femme ne tarde pas à critiquer l’actuel régime du président Jair Bolsonaro, honni par l’immense majorité des autochtones. «En 1843, notre souverain Pierre II – inspiré par son père – a entrepris la fondation de cette ville et la construction de son palais d’été. Les belles maisons alignées le long des canaux témoignent de notre passé aristocratique.» Cristina ne mentionne pas le superbe édifice Rio Negro, réservé au gouvernement, et qui pourrait bien voir débarquer Jair Bolsonaro. La production de bière n’est pas le seul indice d’une influence germanique sous ces latitudes. L’architecture locale témoigne de l’immigration massive de fermiers teutons, encouragés dès 1845 à s’installer sur les terres de l’empereur.

Un monarque éclairé

Les hordes scolaires et touristiques qui visitent le palais de Pierre II –devenu Musée impérial – baignent dans la nostalgie du «magnanime», comme on le surnomme encore. Le septième enfant de l’empereur Pierre Ier et de l’impératrice Marie-Léopoldine d’Autriche hérite d’un empire au bord de la désintégration. Il va le transformer en une puissance émergente reconnue pour sa stabilité politique, sa liberté d’expression et son respect des droits civiques… à mille lieues de ce que le pays endure actuellement. Le souverain pousse à l’abolition de l’esclavage, signée par sa fille Isabelle. Il promeut l’apprentissage, la culture et les sciences. Cette politique suscite le respect et l’admiration de Charles Darwin, Victor Hugo et autre Friedrich Nietzsche.

Après l’avènement de la République et l’exil de la famille impériale en 1889, la ville continue à jouer un rôle important dans l’histoire brésilienne. On y visite aussi diverses demeures de célébrités (lire encadré) et un lumineux Palais de Cristal.

L'aviateur et l'écrivain: deux dépressifs

La célébrité de Santos Dumont lui a valu – entre autres – de donner son nom à une municipalité brésilienne et à une célèbre montre-bracelet. Né au Brésil d’émigrants français, Alberto Santos Dumont crée un avion biplan et bat – en 1906 – le premier record du monde aérien. Puis l’inventeur renonce à piloter pour construire divers aéronefs. Mais l’homme est neurasthénique. Il séjourne en Suisse jusque dans les années 1930, puis s’effondre quand l’armée brésilienne bombarde ses compatriotes révoltés de São Paulo. Il meurt peu après, sans qu’on sache s’il s’agit d’un accident ou d’un suicide.

Pour l’écrivain et dramaturge autrichien Stefan Zweig, l’issue est plus documentée. Avec l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1941, il perd tout espoir de paix. Il s’installe à Petrópolis pour fêter ses 60 ans. Moralement détruit par la Seconde Guerre mondiale, il met fin à ses jours en s’empoisonnant. Les modestes demeures de l’aviateur et de l’auteur se visitent à Petrópolis.

Au départ de Zurich

Y aller
Au départ de Zurich, compter environ onze heures de vol direct vers Rio de Janeiro. Ensuite – selon le trafic – septante-cinq minutes de route vers Petrópolis.

Visiter
Visez la Fondation de culture et tourisme! Si vous lisez l’anglais, demandez le Petrópolis Imperial Sightseeing, une brochure qui comporte une carte et l’heure d’ouverture de tous les points d’intérêt en ville. Attention: presque tous les magasins sont fermés le lundi. Et nombre d’attractions aussi. Préférez le mercredi, jeudi et vendredi, plus calmes que le week-end.

Séjourner
Pour visiter l’Etat de Rio de Janeiro, les mois les plus chauds sont – en moyenne – janvier, février, mars, avril et décembre. Nombreuses pousadas (hôtels de charme) pour tous les budgets. La région est aussi connue pour ses adresses gastronomiques. Le restaurant du Musée impérial est à considérer lors d’une visite.

Lire
Etat de Rio de Janeiro (Guide Vert Michelin)

Infos www.pichonvoyageur.ch