«Genève est un personnage du roman»

  • Joël Dicker: «J'ai pu enfin écrire un roman qui se passe dans la ville où je suis né.» mp

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RENCONTRE • C’est «le nouveau Dicker». L’énigme de la chambre 622 sort en Suisse le 17 mars. Sur la couverture: le Jet d’eau se mire dans les eaux du Léman. Pour Joël Dicker, le romancier genevois, ce décor helvétique est une première. Son personnage, «Joël, l’Ecrivain» mène l’enquête afin de résoudre un meurtre. Interview.

GHI: Pourquoi avoir choisi de situer le récit en Suisse, surtout à Genève?
Joël Dicker:
J’ai envie de dire: enfin Genève! J’ai pu écrire un roman qui se passe dans la ville où je suis né. Evidemment, Genève a toujours compté pour moi. C’est la ville de mon enfance, celle où j’habite. Ce que je raconte, c’est le rapport à ma Genève. Forcément différent de celui de n’importe quel autre Genevois. Il est certain que de parler du rond-point de Rive ou du quai des Bergues va susciter une image claire à un Suisse. En revanche, le lecteur à Sidney ou Buenos Aires pourra imaginer les lieux comme il en a envie.

– Genève est quasi un personnage...
Exactement. Genève est un personnage. C’est même le premier chronologiquement. Qui va évoluer tout au long du roman.

– Quelle est votre Genève: Cologny, les Pâquis ou le parc Bertrand?
C’est d’abord le parc Bertrand, à Champel. C’est la Genève de mon enfance. Mes grands-parents habitaient juste en face.

– Et votre Genève aujourd’hui?
C’est une Genève très en mouvement. J’aime me promener. Il n’y a pas un quartier représentatif. Il y a des Genève. Et, en même temps, c’est une petite ville en taille et elle a ça de beau qu’elle a une unité. On est Genevois qu’on soit des Pâquis ou de Champel.

– Vous êtes aujourd’hui l’un des Genevois les plus connus au monde. Quelle est votre définition du succès?
Le succès c’est le plaisir que l’on peut avoir à mener un projet. Vous pouvez penser que c’est démago de dire ça quand j’ai la chance d’avoir des gens qui me lisent. Mais, quand je commence un roman, pour moi, le succès, ce sera d’avoir réussi à faire quelque chose qui m’aura plu et pas le nombre d’ouvrages vendus.

– C’est aussi le message de votre roman: trouver sa propre voie?
Oui, il faut écouter son envie. Au-delà des convenances, de ce que les gens veulent pour nous. Il faut écouter le chemin de sa vie. 

 

Le «feu sacré» pour la littérature

- Comment procédez-vous à l’écriture d’un roman?
Je me laisse guider par le plaisir de l’histoire, par ce que j’ai envie de raconter. Ensuite, je travaille par versions. J’en ai fait 65 pour ce livre. Plus j’avance, plus je comprends ce que je suis en train de raconter. Mais ce n’est pas un processus conscient. 

- Même pour une intrigue policière comme l’énigme de la chambre 622?
C’est ce qui me plaît. Le nom de la victime comme celui du coupable ne sont pas révélés de suite. J’éprouvais donc un double plaisir de me dire: qui va mourir? et qui va tuer? Je ne le savais pas moi-même.

- On sent dans ce roman une fascination pour le jeu d’acteurs. Vous regrettez le cours Florent, l’époque où vous jouiez la comédie?
J’ai épousé suffisamment cette carrière pour me rendre compte que je serai un mauvais acteur. J’ai tenté et je me suis rendu compte que je n’avais pas le feu sacré. Le feu sacré ça veut dire que tu peux vivre et mourir pour ton art. Et je n’avais pas ça pour le théâtre.

- Et pour la littérature?
Clairement oui!