Sus aux trottinettes sur les trottoirs et aux déchets!

Près de 700 amendes et contraventions pour littering ont été dressées par la police municipale en 2021. En Ville de Genève toujours, les infractions liées aux trottinettes sont en explosion. Autre mission prioritaire des agents: la lutte contre le harcèlement de rue. Une appli est en préparation.

  • Créée au printemps 2021, la bike police fait la chasse aux trottinettes en infraction. VDG

    Créée au printemps 2021, la bike police fait la chasse aux trottinettes en infraction. VDG

Ici, c’est un mégot jeté négligemment sur la chaussée; là, une trottinette qui zigzague entre les piétons, sur le trottoir; ailleurs, un maître peu soucieux de ramasser les besoins de son chien... Telles sont quelques unes des principales infractions commises en Ville de Genève.

Mais que fait la police? C’est justement pour répondre à cette question que paraît le tout premier rapport d’activité annuel de ce service. «Il s’agit d’expliquer les missions de la police municipale, notamment en les distinguant de celles de la police cantonale ou encore de la Fondation des parkings», précise la conseillère administrative chargée de la Sécurité, Marie Barbey-Chappuis.

«Mettre un terme au sentiment d’impunité»

Les chiffres révélés par ce document d’une vingtaine de pages sont révélateurs du type d’incivilités qui ont cours dans les rues de notre cité. En 2021, ont été dressées pas moins de 690 amendes et contraventions sanctionnant le littering, soit le fait de jeter ses déchets dans l’espace public. Un record dû notamment à une présence renforcée des habitants dans l’espace public durant la crise sanitaire. «Avec la recrudescence de la vente à l’emporter, certaines personnes ont pris la mauvaise habitude de laisser leurs déchets sur place», commente la commandante de la police municipale, la capitaine Christine Camp.

D’où, en parallèle, une intensification de la politique de répression en la matière, «et ce, afin de mettre un terme au sentiment d’impunité», stipule Marie Barbey-Chappuis, estimant que l’on doit parfois «toucher au porte-monnaie pour changer les comportements». Un mégot ou une canette délaissés coûtera 200 francs au contrevenant...

Un combat un brin futile non? «Absolument pas, rétorque l’élue centriste. D’abord, parce que l’image de notre ville est importante d’un point de vue touristique et économique. Mais aussi, parce qu’une ville salle donne le sentiment d’avoir été abandonnée par les pouvoirs publics. Et génère un sentiment d’insécurité. La propreté fait partie des conditions-cadre pour le bien vivre ensemble.»

Cent francs la crotte de chien

Côté propreté toujours, 256 dépôts illicites de déchets encombrants ont été verbalisés l’an dernier. Les matelas, canapés ou électroménagers abandonnés à même le trottoir en dehors des espaces ou des créneaux dédiés sont plus nombreux encore mais rares sont les flagrants délits... Les déjections canines ne sont pas en reste. Plus de 150 maîtres ont été verbalisés. A 100 francs la crotte, mieux vaut acquérir le réflexe d’utiliser les caninettes!

Autre axe important pour la police municipale: la coordination entre piétons, vélos, trottinettes et voitures. «On constate une explosion des accidents et des comportements dangereux des conducteurs de trottinettes», indique Marie Barbey-Chappuis. De quoi inciter la police municipale (tout comme la cantonale d’ailleurs) à renforcer les contrôles. «Notre rôle est d’assurer la sécurité des piétons et des personnes à mobilité réduite», ajoute la capitaine Christine Camp. En 2021, parmi les infractions constatées: 45 trottinettes roulant dans une zone piétonne; 27 roulant sur le trottoir; 25 ne respectant pas la signalisation lumineuse ou encore 26 trottinettes électriques non homologuées. Selon la conseillère administrative, «il y a fort à parier que ces chiffres vont augmenter tant en raison de la hausse du nombre de trottinettes que du fait que la police municipale va continuer de sévir».

78’000 heures de patrouille

Enfin, on notera que 125 infractions liées à des nuisances sonores ont été constatées durant l’année écoulée. «Il faut trouver un juste équilibre entre animations de la ville et tranquillité des habitants», analyse la magistrate. C’est justement dans ce but que les patrouilles se concentrent dans les zones sensibles, telles que la rue de l’Ecole-de-Médecine, la rue Henri-Blanvalet, Plainpalais, les Grottes ou encore le sentier des Saules. Une présence renforcée qui vise à faire de la prévention. Selon le rapport d’activités, le terrain occupe d’ailleurs l’immense majorité du temps des 192 APM (près de 78’000 heures, soit 77 % du temps d’activité). «C’est vraiment la police de proximité par excellence. L’objectif est de faire en sorte que l’on voit l’uniforme dans la rue, afin de conserver ce lien avec la population», conclut Marie Barbey-Chappuis.

Une appli contre le harcèlement de rue

MP • Elle pourrait être mise en service avant le début de l’été. Cette application permettrait à toute personne victime de harcèlement de rue de signaler le lieu, le jour et l’heure. Concrètement, la personne victime ou témoin pourrait signaler le cas en entrant les informations dans un onglet spécifique de l’appli Genève en poche.

«Cela fait plus d’un an que la police municipale, en coordination avec la Direction des systèmes d’information et de communication ainsi que le service de l’Agenda 21, travaille sur cette nouvelle fonction de l’appli», précise la magistrate chargée de la Sécurité, Marie Barbey-Chappuis.

Une idée née d’un constat alarmant du diagnostic local de sécurité publié en 2020, qui relevait que 72% des femmes de 15 à 34 ans déclaraient avoir été victimes de harcèlement de rue. «Les données compilées grâce à l’application nous permettront d’orienter nos patrouilles de manière préventive et visible dans les endroits et aux heures les plus concernés par la problématique», renchérit la commandante de la police municipale Christine Camp. S’ajoutent des formations complémentaires pour l’écoute des victimes à l’attention des agents, qui ont déjà suivi une sensibilisation sur ce thème à l’automne 2019.