Un jeune de 15 ans agressé dans son école

Lundi 10 octobre, un trio casqué a fait irruption au Centre de formation pré-professionnelle à Châtelaine. Un élève de 15 ans a été frappé à la tête. Ses parents témoignent de la violence des coups et du traumatisme. La police évoque des phénomènes de bandes dans ce quartier. Une autre agression a eu lieu au CFPP le mois dernier.

  • Depuis quelques années, la police intervient régulièrement dans le quartier où se situe le Centre de formation pré-professionnelle. STéPHANE CHOLLET

    Depuis quelques années, la police intervient régulièrement dans le quartier où se situe le Centre de formation pré-professionnelle. STéPHANE CHOLLET

«Je ne comprends pas pourquoi ils s’en sont pris à mon fils. Dans ce quartier, il ne connaît personne à part un cousin. Il ne fait partie d’aucune bande»

La mère du mineur agressé le 10 octobre

Sur les photos, la plaie derrière l’oreille est visible. Celle sur le sommet du crâne est en revanche dissimulée sous une compresse. «Il a fallu lui faire deux points. Ce n’était pas très large mais profond. Et tout le côté gauche de sa tête était enflé», décrit la mère de Yunus*. Ce jeune de 15 ans, élève depuis le 1er octobre au Centre de formation pré-professionnelle (CFPP) situé avenue de Châtelaine, a subi une agression lundi 10 octobre à cette adresse.

«J’ai reçu un coup de téléphone d’une enseignante, vers 15h. Elle m’a dit: «C’est à propos de votre fils. Trois personnes l’ont agressé. Tout s’est passé très vite.» En apprenant la nouvelle, Sofia* est sous le choc. «J’étais bouleversée. Mon fils avait fait sa rentrée dans cette école dix jours auparavant. Jusque-là, il était scolarisé en France: à Annemasse, puis à Annecy.»

«Trois jeunes aux visages masqués»

Que s’est-il passé cet après-midi-là? «Il sortait de classe et descendait les escaliers, raconte la maman, rapportant le récit de son fils. C’est alors que trois jeunes lui ont sauté dessus. Munis de coups-de-poing américains, ils l’ont frappé à la tête. Des professeurs et des camarades de classe sont intervenus. Et les trois agresseurs ont pris la fuite en courant.»

La police confirme l’incident. Selon les premiers témoignages recueillis sur place, les agresseurs étaient «trois jeunes dont le visage était masqué au moment des faits», stipule Alexandre Brahier, porte-parole de la police genevoise. «Quand les agents sont arrivés sur les lieux, ils ont trouvé un jeune qui saignait à la tête. Il a refusé de coopérer et n’a pas souhaité non plus être ausculté par les ambulanciers.»

Selon sa mère, c’est le traumatisme subi qui explique l’attitude de son fils. «Il était en état de choc. Je ne comprends pas qu’on lui ait laissé le choix. C’est un mineur. Pourquoi l’établissement n’a-t-il pas contacté directement une ambulance ou les pompiers?» Ce n’est finalement qu’en fin d’après-midi, que l’adolescent se rend à l’hôpital, en France voisine où réside sa grand-mère, appelée à la rescousse pour le récupérer.

S’en sont suivis plusieurs jours d’absence à l’école. «Il a essayé d’y retourner le jeudi suivant mais il a fait une crise de panique et a rebroussé chemin», poursuit Sofia*. Depuis lundi 17 octobre, grâce à un aménagement de ses horaires, Yunus* a repris les cours.

Même si ses parents se posent des questions. «Vous envoyez votre enfant à l’école et il revient avec une blessure à la tête!» s’indigne le père. «Où est la sécurité au sein de cet établissement?», renchérit sa mère.

Autre agression le 20 septembre

Une question d’autant plus cruciale qu’un autre jeune a été agressé. «C’était le 20 septembre, à la même adresse, au sein de l’école. Il a déposé plainte», indique la police. Contacté, le directeur du CFPP nous renvoie vers le Département de l’instruction publique (lire l’encadré).

Pourquoi deux élèves de ce centre ont-ils été pris pour cible? Concernant l’agression de Yunus*, les premiers éléments de l’enquête font état d’une bagarre entre jeunes de France voisine et d’autres des Pâquis. «Je ne comprends pas pourquoi ils s’en sont pris à mon fils, souligne Sofia*. Dans ce quartier, il ne connaît personne à part un cousin. Il ne fait partie d’aucune bande.»

Reste que des affrontements entre groupes rivaux agitent bel et bien ce quartier. «Ici, comme ailleurs, on surveille l’évolution de la situation. Il est vrai que c’est un endroit où la police se rend régulièrement depuis quatre, cinq ans», indique sobrement Alexandre Brahier.

* Prénoms et noms connus de la rédaction

DIP: «Tout est mis en place pour éviter de telles situations»

MP • Interrogée sur l’agression du 10 octobre et sur les conditions de sécurité au sein de l’établissement, la direction du Centre de formation préprofessionnelle renvoie au Département de l’instruction publique (DIP). «Nous regrettons de telles situations, réagit le porte-parole du DIP, Pierre-Antoine Preti. Nous tenons à assurer notre plein soutien aux victimes, qu’ils s’agissent d’élèves ou de collaborateurs.» Et d’ajouter: «Au sein de nos établissements, tout est mis en place pour prévenir et éviter de telles situations. Quand elles arrivent néanmoins, nous les traitons avec le sérieux et le professionnalisme qui s’imposent.» Sans toutefois en dire plus sur les mesures prises dans le cas présent.