Une association française s’oppose à la traversée du lac

Les partisans de l’autoroute entre Thonon et Machilly, en France voisine, veulent inciter les Suisses à retirer leur recours contre leur projet. La Ville de Genève ironise. Explications.

  • Genève, le lac et au fond le Chablais. Les partisans du désenclavement de la région haut-savoyarde pensent tenir leur «revanche».

    Genève, le lac et au fond le Chablais. Les partisans du désenclavement de la région haut-savoyarde pensent tenir leur «revanche». 123RF

C’est ce qu’il appelle «l’effet boomerang» ou encore «la réponse du berger à la bergère». Dans une série de courriers adressés aux autorités suisses et françaises, Jean-Christophe Bernaz, président de «Oui au désenclavement du Chablais», qui milite pour une autoroute entre Thonon et Machilly (Haute-Savoie), annonce l’intention de son association de recourir contre la traversée du lac.

«Ingérence» de Genève

Ayant appris par la presse que le Canton de Genève avait déposé le rapport d’études sur le projet de contournement est de Genève, le trublion haut-savoyard voit là une occasion de «prendre sa revanche». «On n’a pas du tout accepté l’ingérence de la Ville de Genève, menée à l’époque par Rémy Pagani, contre le projet de désenclavement du Chablais. D’autant plus qu’il avait lui-même signé le projet d’agglomération du Grand Genève qui comprend notre future autoroute», commente Jean-Christophe Bernaz. Résultat: «Nous avons mandaté un avocat à Paris, Me Olivier Groc, pour qu’il dépose un recours contre la traversée du lac. Nous sommes prêts à aller jusqu’au bout.»

Une persévérance qui ne date pas d’hier. A l’instar du projet de désenclavement du Chablais, véritable serpent de mer côté français (tout comme la traversée du lac côté genevois).

«Désormais, tous les voyants sont au vert, explique le président de l’association. La déclaration d’utilité publique a été signée par le premier ministre; l’Etat français vient de lancer l’appel d’offres pour l’exploitation. Et l’opérateur ATMB (Autoroutes et tunnel du Mont-Blanc) est prêt à se porter candidat. La seule chose qui manque c’est que ce recours des Suisses soit rejeté.» D’où le «bras de fer» engagé. Le président de l’association espère que la démarche contre la traversée du lac incitera les Suisses à retirer leur recours.

«Projets routiers obsolètes»

C’est méconnaître les instances et les prises de position côté suisse. D’ailleurs, avec un brin d’ironie, Sami Kanaan, maire de la Ville de Genève, réagit à cette nouvelle fronde: «Ils se mêlent de ce qui les regarde. En effet, on est dans la même région, on respire le même air. Et je me réjouis qu’ils rejoignent le camp des opposants à ces grands projets routiers obsolètes», mettant dans le même panier l’autoroute du Chablais et la traversée du lac.

Un «non» ferme des élus français

Le président de «Oui au désenclavement du Chablais», Jean-Christophe Bernaz, n’est pas le seul à vouloir contrer la traversée du lac. Les élus du pourtour français de Genève, réunis jeudi 20 mai, ont décidé de «s’opposer fermement» au projet. Non pas par stratégie, comme l’association, mais bien par idéologie. Et ce, même si l’objectif de 2040 paraît lointain. «Mieux vaut dire non maintenant tant qu’il est encore temps!» a souligné le président du Pôle métropolitain, Christian Dupessey. Il a exprimé les inquiétudes des Français quant aux «conséquences sur le réseau du côté de Malagnou déjà très engorgé. Ce projet a pour objectif de désengorger Genève et non le Grand Genève». Déplorant le manque de concertation dans ce dossier, il a affirmé que «ce projet met en échec la philosophie globale du Grand Genève qui se veut une agglomération verte, compacte, multipolaire, de proximité et transfrontalière.»