Une dramaturge carougeoise à la conquête de la scène parisienne

  • «La tête creuse» est la première pièce de Tamara Guliani à être montée. ©JÉRÉMIE STREIFF

  • Tamara Guliani a en outre reçu le Prix de la Société genevoise des écrivains en 2017 pour sa pièce "Le fakir de l’île Rousseau". ©MK

THÉÂTRE • La pièce de Tamara Guliani La Tête Creuse est jouée à La Comédie Saint-Michel, à Paris, jusqu’au 25 juin. Comment l’auteure genevoise a-t-elle réussi cet exploit pour sa première pièce montée sur les planches? A noter que Tamara Guliani a en outre reçu le Prix de la Société genevoise des écrivains en 2017 pour sa pièce Le fakir de l’île Rousseau. Rencontre.

GHI: Comment cela se passe-t-il à Paris? Tamara Guliani: Malgré les grèves qui ont paralysé les transports parisiens au début des représentations, la salle se remplit bien! Le public parisien est très réactif. Il faut dire que le mime associé à un texte littéraire en voix off est peu fréquent au théâtre. Cette particularité a surpris nombre de spectateurs qui nous ont félicitées pour ce choix. Beaucoup ont aussi voulu savoir comment m’est venue l’idée de ce personnage.

– Votre personnage, seul sur scène, porte sur ses épaules une très grosse tête en papier. Pourquoi? Mon personnage est un corps bleu qui mime et qui danse avec un nuage en papier sur la tête. Je l’ai appelé «La Tête Creuse». Creuse, car elle n’a ni imagination, ni idée, ni voix. Elle s’accommode d’une voix artificielle, afin de se légitimer devant les autres. Et comme elle ambitionne d’être une artiste reconnue, son manque d’idées la pousse à s’accaparer de celles des autres. Au début, sa tête semble être légère puisque faite de papier, mais plus elle la remplit d’idées volées, plus elle s’alourdit, jusqu’à la déséquilibrer et la faire souffrir.

– Que va-t-il arriver à Tête Creuse durant la pièce? A cause de la vulnérabilité que lui procure cette tête trop lourde, elle va se mettre à la recherche de l’équilibre que son corps réclame. Elle commence à chercher les raisons de cette douleur physique, ce qui l’amène d’abord à s’apprivoiser pour enfin se retrouver. Tête Creuse lutte contre son égocentrisme pour se débarrasser de l’artificiel et du factice. Elle a besoin de souffrir et d’affronter ses démons pour comprendre enfin qui elle est réellement.

– Pourquoi avoir choisi la scène parisienne plutôt que Genève? Tout est parti d’une bête histoire de plagiat dont j’ai été victime à Genève. Une metteuse en scène, ayant reçu le manuscrit de ma première œuvre dramaturgique en 2017, a volé mes personnages en les mettant elle-même en scène trois ans plus tard. Après cela, je n’envisageais plus d’approcher les planches genevoises. C’est là que je me suis tournée vers Paris, où j’ai rencontré une talentueuse metteuse en scène et artiste pantomime, Tamar Lochoshvili. Nous avons travaillé ensemble et le premier théâtre où La Tête Creuse a été envoyée, La Comédie Saint-Michel, nous a offert une programmation de quasiment quatre mois.  (photo du spectacle ©JÉRÉMIE STREIFF)

«La Tête Creuse», jusqu’au 25 juin à La Comédie Saint-Michel, 95 bd Saint-Michel, Paris. www.comediesaintmichel.fr