Une Genevoise vend sa virginité pour un demi-million de francs

  • L’annonce a été publiée mardi 24 août sur un site d’escort girls. Du jamais vu à Genève selon ces professionnels!
  • La jeune femme de 18 ans nous dévoile ses motivations.
  • Ce type d’offres est apparu dans le monde il y a quelques années et continue visiblement de se propager.

  • PHOTO PRÉTEXTE/123RF

  • L’annonce visible sur le site d’escort girls fgirl.ch. DR

    L’annonce visible sur le site d’escort girls fgirl.ch. DR

«Mon moi est à prendre pour une année d’escorting. Vie à deux, partages, sensualité et amour»

L’annonce d’Eclosia sur le site fgirl.ch

«Le prix est de 500’000 francs, non négociable.» Tel est le tarif proposé par une Genevoise de 18 ans en échange… de sa virginité. Dans son annonce parue mardi 24 août sur le site d’escort girls fgirl.ch, la jeune femme, qui répond au nom d’Eclosia, explique: «Je souhaite proposer ma virginité à travers un accompagnement particulier. Mon moi est à prendre pour une année d’escorting. Vie à deux, partages, sensualité et amour.»

«C’est très surprenant»

En découvrant cette offre, le cofondateur du site internet, Bradley Charvet, réagit: «Cela fait dix ans que nous sommes dans le métier et on n’avait jamais vu ça. C’est très surprenant!» Pensant d’abord à une arnaque, il souhaite s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un troll. «Eclosia a procédé au paiement. On a donc pris contact avec elle», poursuit-il. Dès le lendemain, mercredi 25 août, l’un de ses commerciaux chargé de vérifier la conformité des photos des escorts la rencontre. «De son côté, elle voulait que l’on puisse attester de la véracité de son offre.»

Contactée par nos soins, Eclosia indique vouloir rester discrète et préférer nous répondre par e-mail. Comment explique-t-elle sa démarche? «Littéraire, passionnée par les livres anciens racontant la prostitution d’antan, j’ai été fascinée et attirée par ce domaine depuis le début de mon adolescence. Le côté mystérieux et intrigant m’a attirée, mais étant prude, je préfère le faire à ma manière, avec un seul homme.» Et la jeune femme d’ajouter: «Je ne me voyais pas faire l’amour avec énormément d’inconnus même si dans mes fantasmes, j’y pensais bel et bien. L’envie de tester quelque chose de différent m’a traversé l’esprit après en avoir discuté avec deux amies.»

«Je ne crois pas vraiment au prince charmant»

Quant à savoir pourquoi elle ne préfère pas perdre sa virginité avec quelqu’un qu’elle aurait choisi, elle répond ne jamais avoir été «portée sur la relation homme/femme. Je ne crois pas être déjà tombée amoureuse pour le moment, ce pourquoi je ne crois pas vraiment au prince charmant. Ceci dit, je ne ferme pas pour autant la porte à l’amour.»

Concernant l’aspect pécuniaire, elle admet que l’argent fait partie de ses motivations. Avec, elle compte lancer son association. Baptisée «Oh mère Nature», celle-ci se penchera sur l’impact des déchets et de leur stockage. Côté nom toujours, le pseudonyme d’Eclosia «fait référence à la fleur qui s’ouvre en bouton. Une référence sexuelle au vu de ma virginité», indique la jeune femme.

Qu’en disent ses proches? «J’en ai discuté avec deux copines. Elles ont été surprises. Puis, au fil de la discussion, elles ont été contentes, limite fières de moi. Les deux ont énormément souffert de leur première relation amoureuse et regrettent leur première fois avec l’homme en qui elles avaient placé une attente démesurée.»

Enfin, Eclosia précise avoir reçu 108 e-mails en quatre jours, dont quatre hommes semblant très intéressés. Et d’autres plus loufoques. A l’attention de ceux qui tentent de «négocier», elle précise: «Ne perdez pas votre temps à me proposer une heure à 10’000 francs, je ne vends pas des tapis.»

Est-ce légal?

Au-delà des questions morales ou encore éthiques, est-il légal de vendre sa virginité? L’avocate genevoise Lorella Bertani nous répond. «Il s’agit d’une prestation sexuelle tarifée et donc de prostitution, explique-t-elle. La prostitution est légale à Genève. Et ce, à condition, comme le précise la loi, d’être majeur(e) et d’être fiché(e) auprès de la police des mœurs.» 

Des «premières fois» à plus d’un million de francs

La proposition d’Eclosia est extrêmement rare mais pas unique. La presse mondiale relate le cas de Jasmine, Parisienne de 20 ans qui, en 2018, aurait vendu sa «première fois» pour 1,2 million de dollars (1,09 millions de francs) à un banquier de Wall Street. La même année, l’histoire d’un mannequin originaire d’Azerbaïdjan avait fait les gros titres. Dans le but de s’installer aux Etats-Unis avec sa mère, cette dernière avait mis sa virginité aux enchères, la somme déboursée atteignant 2,2 millions de dollars (2 millions de francs). En mars 2020, le manager d’une célèbre équipe de football allemande a dépensé 1,4 million d’euros (1,5 millions de francs) pour être le premier à coucher avec Isabella, alors âgée de 21 ans.

«Qualité, pureté»

De quoi s’interroger sur le mythe autour de la virginité. Dans son livre intitulé La Virginité féminine: Mythes, fantasme, émancipation (2012), Yvonne Knibiehler explique que selon les anthropologues, «un homme épousait une vierge pour perpétuer une lignée, pour transmettre de père en fils un héritage biologique, un nom, des biens, des pouvoirs. Les filles vierges sont bientôt devenues de précieux objets d’échanges entre les familles» et désormais sur le marché de la prostitution.

Interviewé par Madame Figaro (mai 2018), le sociologue Denis Monneuse affirme: «Si les hommes sont prêts à payer si cher, c’est avant tout parce qu’ils recherchent la qualité, la pureté, mais aussi le côté moins «trash» des autres femmes qui voient un grand nombre de clients». Et d’évoquer «un capitalisme poussé à son comble» qui, bien que très rémunérateur, n’est pas sans danger pour ces jeunes vierges.