Une rentrée plus chère que les autres

Le prix des fournitures scolaires est en augmentation. La faute à l’inflation et aux difficultés d’approvisionnement liées aux crises successives. Les autorités rappellent que l’ensemble des moyens d’enseignement sont gratuits jusqu’à 15 ans.

  • Les fournitures scolaires n’ont pas été épargnées par la hausse des prix. TR

«Tout a augmenté: des agendas aux cartables. Ça tombe mal après les vacances d’été», témoigne Danielle, venue à Manor pour acheter à son enfant de 11 ans de quoi bien aborder la rentrée scolaire. Soit un sac à dos ainsi que des cahiers et des classeurs. «Mon fils apprécie énormément d’avoir des classeurs un peu différents de ceux de ses camarades. C’est un petit cadeau que je lui fais. Heureusement que l’Etat achète le reste sinon, ce serait compliqué», relate la quadragénaire. A côté d’elle, Giulia, 18 ans, regrette, elle aussi, la hausse des prix. «En tout, mon père me donne 200 francs et il faut que je fasse avec. Je compare les étiquettes et je choisis ce qu’il y a de moins cher, mais je n’ai jamais eu des factures aussi élevées», raconte la collégienne.

«Une nouvelle augmentation inhabituelle»

Du côté des vendeurs, on justifie ces hausses par le contexte international. «Chaque année, les prix augmentent en fonction de l’inflation. Mais cette année, avec la crise des matières premières et l'augmentation des prix du carburant, tout est plus cher. Et les fournitures scolaires ne font pas exception», confie un vendeur. Le papier a notamment vu son prix doubler en un an. Même constat du côté de Brachard & Cie, rue de la Corraterie. «Après la traditionnelle hausse du début d’année, nous avons procédé à une nouvelle augmentation inhabituelle de nos tarifs en juillet. Presque tous nos articles sont concernés», explique Andrea Farina, vendeuse auprès de la célèbre papeterie. Pour les articles les plus onéreux (entre 2000 et 3000 francs), notamment l’encre de Chine, cette augmentation peut atteindre une centaine de francs. Selon Pascal Vuarnier, codirecteur de l’enseigne et neveu de Jean-Marc Brachard, les raisons de ces augmentations sont également liées à la pandémie. «Depuis le confinement et l’économie mise à l’arrêt, nous connaissons des problèmes d’approvisionnement, qui se répercutent eux aussi sur les prix. Et la guerre en Ukraine n’arrange rien», constate-t-il.

Dans le viseur de la Fédération romande des consommateurs

Des variations tarifaires que la Fédération romande des consommateurs (FRC) suit de près. «Le problème de ces hausses, c’est qu’elles paupérisent les ménages qui ont le moins de pouvoir d’achat. Même si l’inflation est plus faible en Suisse que chez nos voisins, elle a un impact», relève Jean Busché, collaborateur à la FRC.

Autre préoccupation: tenter de savoir dans quelle mesure l’enseigne répercute l’augmentation sur les consommateurs? «Le problème de l’inflation est avant tout social, rappelle Jean Busché. Si certains magasins augmentent les prix à cause de la rentrée et des tarifs des fournisseurs, c’est double peine pour les consommateurs. Tout le monde ne devrait-il pas faire un effort?». A ce titre, la Fédération demande d’ailleurs davantage de transparence sur les marges.

Des fournitures prises en charge par le Canton

TR • «Nous équipons de A à Z les élèves de 4 à 15 ans, pour l’ensemble des moyens d’enseignement, précise d'emblée Véronique Bigio, directrice des finances et de l’administration de l’enseignement obligatoire. Normalement, les seules dépenses des parents doivent concerner les affaires personnelles de sports, rythmique et travaux manuels». Cette aide a un coût: 213 francs par élève à l’école primaire, 474 francs lorsqu’il est au cycle d’orientation. Les autorités s’attendent-elles à une hausse du coût de cette prise en charge? «Oui, nous prévoyons une augmentation», répond Véronique Bigio. Elle rappelle également que des fluctuations ont lieu tous les ans. «Chaque année, nous estimons l’augmentation pour adapter les demandes budgétaires inscrites au projet de budget soumis au vote du Grand Conseil», détaille-t-elle. D’autant que le nombre d’élèves dans le canton croît également (52'000), ce qui contribue aussi à faire gonfler la facture.

La directrice rappelle par ailleurs qu’un arrêt du Tribunal fédéral contraint depuis 2016 les cantons à assurer la gratuité des moyens de scolarité. «Les directeurs d’établissement doivent veiller à ce que les enseignants ne demandent pas un autre classeur ou du matériel supplémentaire à l’écolier», explique Véronique Bigio. Et de répéter en guise de conclusion: «Théoriquement, les parents n’ont rien à acheter».