Vassal des Etats-Unis? Pas question!

POLITIQUE éTRANGèRE • Le PLR serait-il devenu le parti de l’étranger? En prônant un «rapprochement» entre la Suisse et l’Otan, il donne un signal dévastateur d’obédience à la première puissance militaire du monde.

  • Devant le siège de l’Otan à Bruxelles. 123RF

    Devant le siège de l’Otan à Bruxelles. 123RF

La Suisse serait-elle devenue une colonie américaine? Ou le 51e Etat des USA? Ou un vassal de Washington? Le PLR suisse, issu du grand parti historique qui a fait la Suisse moderne, le parti radical, et du parti libéral, considère-t-il notre pays comme un dominion de l’Oncle Sam? Ce parti important, dans la politique suisse de 2022, le PLR, comment peut-il bafouer à ce point notre politique de neutralité, en prônant, comme il vient de le faire, un «rapprochement» avec l’Otan? Où sont passés les radicaux de 1848? Où sont passés les patriotes?

Le PLR, grand parti de la droite suisse, entend-il laisser à la seule UDC le monopole de l’indispensable intransigeance, sourcilleuse et ardente, sur notre neutralité, notre indépendance, notre souveraineté? Le PLR entend-il devenir une succursale du libéralisme mondialisé, apatride, où seuls compteraient les marchés, où nulle frontière, nulle communauté de mémoire à l’intérieur d’un périmètre national, ne seraient plus respectées? Entend-il devenir le parti de l’étranger?

Une insoutenable duperie

Car il ne faut pas jouer sur les mots, comme le font les quelques caciques du PLR suisse, pas nécessairement majoritaires dans leur parti d’ailleurs: le mot «rapprochement» est une insoutenable duperie envers le peuple suisse. Il ne saurait exister de «rapprochement» entre un minuscule pays comme le nôtre, infiniment fragile, et la première puissance mondiale.

Car l’Otan, ça n’est pas un club de gentils «Messieurs», toujours là pour rendre service. Non, l’Otan, c’est le club des affidés de Washington. De même que le pacte de Varsovie fut celui de Moscou. Sauf que ce Pacte, après quarante ans d’existence, s’est autodissous après la chute du mur de Berlin, alors que l’Otan a non seulement continué d’exister, mais n’a cessé de s’étendre en Europe centrale et orientale, jusqu’aux frontières de la Russie.

La Suisse doit rester au service de la paix

Les mots du pronunciamiento de ténors (et sopranos) du PLR suisse impliqués dans cette tentative d’arrimage de la Suisse aux amis militaires de Washington sont révélateurs: il ne s’agirait que d’exercices communs, comme cela se fait déjà pour l’aviation, rien de plus. Mais vous voyez, vous, la petite Suisse «manœuvrer» gentiment avec la première puissance mondiale, y compris avec ses forces terrestres, sans donner au monde le signal dévastateur d’une obédience, d’un rattachement, et finalement d’une génuflexion devant le suzerain? Alors, vous en pensez ce que vous en voulez, chers lecteurs, mais moi, de toute mon âme patriote, de tout mon amour pour ce petit pays, son Histoire complexe et passionnante, son fédéralisme, sa démocratie directe, je dis non, non et non!

La Suisse est une petite fleur fragile. Son existence, dans le concert des nations, est un miracle. Elle doit demeurer amie de tous les peuples du monde. Amie des Américains. Amie des Russes. Amie des Ukrainiens. Elle doit rester, sur la planète, ce lieu de rencontres et de dialogue, au service de la paix. A cela, une condition sine qua non: maintenir son inflexible neutralité. Ne jamais passer dans le camp d’un puissant. Fût-il le dominateur hégémonique et impérialiste du monde.