Collapsologie: une pure fumisterie

PERSPECTIVES • N’ayez crainte, si le terme de collapsologie vous est totalement inconnu, inutile d’en rougir. Ce néologisme inventé en 2015 par Pablo Servigne et Raphaël Stevens, dans leur ouvrage Comment tout peut s’effondrer: petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes est le nouveau fétichisme de ceux qui ne savent plus penser. Devenu tendance depuis quelques mois, la collapsologie est l’étude de l’effondrement de notre civilisation industrielle. Avec l’idée sous-jacente que cette chute est inéluctable et même relativement proche, pour reconstruire une nouvelle société basée sur le partage et la solidarité.

Pourquoi cette théorie est-elle une pure fumisterie? Car elle ressemble à s’y méprendre aux innombrables doctrines annonçant la fin de notre monde. Du Nostradamus de bas étage. A force de le crier sur les toits, cet effondrement en devient tout simplement improbable. Et risible. Certes, tout n’est pas rose, et les raisons de s’inquiéter sont nombreuses. On pense au dérèglement climatique, aux inégalités croissantes dans les pays industrialisés ou encore aux conflits latents aux quatre coins du globe. Mais de là à conceptualiser l’arrêt brutal de notre civilisation, il y a un pas que seuls quelques chercheurs en mal de reconnaissance sont prêts à franchir sans sourciller.

Mais comment expliquer le succès soudain de la collapsologie dans les médias et donc dans l’espace public? Très simplement, l’effondrement est une idée qui séduit. Car elle préfigure le grand vide, la grisaille des décombres, le tomber de rideau, du nihilisme en lingots pour tous les réactionnaires de la pensée et autres pourfendeurs sans saveur du capitalisme.