La Ville dit adieu aux pailles et gobelets en plastique

Dès le 1er janvier 2020, les organisateurs de manifestations et les restaurateurs devront bannir le plastique unique. Sous peine de sanctions.

  • Certains restaurateurs ont déjà pris le pli.

    Certains restaurateurs ont déjà pris le pli. Ce sera plus compliqué pour les fast-foods. 123RF

A bas le plastique! Tel est le mot d’ordre. Dès le 1er janvier 2020, la Ville de Genève interdit le plastique à usage unique sur le domaine public. Qu’il s’agisse des pailles pour siroter votre mojito, du gobelet contenant votre café ou du cornet en plastique que vous tend le poissonnier sur le marché, c’est terminé!

Amende de 100 francs minimum

Les organisateurs de manifestations, les exposants sur les marchés comme les restaurateurs vont devoir s’adapter à vitesse grand V. Ils sont près de 2000 à avoir été informés, la semaine dernière par courrier, de ces nouvelles obligations. Les explications de Guillaume Barazzone, conseiller administratif en charge du Département de l’environnement urbain et de la sécurité (DEUS): «La Ville n’a pas la compétence pour intervenir sur la production d’emballages dans l’industrie ou sur une interdiction globale (qui relèverait du niveau fédéral) mais, à notre niveau, on peut agir sur ce qui se fait sur le domaine public.»

Concrètement, l’autorisation d’exploiter une terrasse ou encore d’occuper un parc pour un événement seront soumis au respect de l’interdiction d’utiliser des objets en plastique. Les contrevenants s’exposeront à une amende de 100 francs minimum. Voire à la révocation de la permission délivrée.

Suzanne Mader, secrétaire générale de l’Association pour la sauvegarde du Léman, voit cette décision comme «un premier pas pour faire changer les choses». Dans un rapport publié en décembre 2018, l’association relevait que 50 tonnes de plastique finissent chaque année dans le lac. «Dont 10 tonnes sont des déchets sauvages. Il s’agit principalement de plastiques à usage unique, tels que les emballages, bouteilles en PET, gobelets, contenants utilisés pour les lunchs... Interdire le plastique unique pour ce qui est vendu sur l’espace public va donc dans le bon sens. Et permet aussi de sensibiliser le grand public, de montrer qu’il y a d’autres façons de faire», souligne Suzanne Mader.

Pailles en amidon de maïs

Nombre de restaurateurs n’ont pas attendu l’interdiction formelle pour changer leurs habitudes. Les pailles en amidon de maïs ou en cartons ont remplacé celles en plastique dans de nombreux établissements. A l’image du Vino Olio Caffé. La patronne, Héléna Rigotti estime qu’«aujourd’hui, c’est un peu ridicule d’utiliser du plastique à usage unique». Elle a aussi banni les fourchettes en plastique qui accompagnaient les plats à emporter.

En tant que vice-présidente du Groupement professionnel des restaurateurs et hôteliers (GPRH), elle rappelle qu’une sensibilisation sur le sujet a été faite dès 2018 à l’ensemble des membres. «Nous leur avons notamment fourni des adresses de fournisseurs de pailles recyclables, précise-t-elle. Il aurait toutefois été préférable que la Ville passe, dans un premier temps au moins, par une mesure incitative plutôt que par une interdiction avec amendes à la clé.»

Reste la question de l’adaptation à cette nouvelle réglementation pour les fast-foods et autres chaînes. Pas simple de faire comprendre aux maisons mère outre-Atlantique que l’on ne peut plus utiliser les mêmes packagings. Interrogé à ce sujet, Deborah Murith, porte-parole de McDonald’s Suisse affirme, au contraire, que l’entreprise «profite de sa taille pour faire la différence et s’efforce d’utiliser les ressources avec parcimonie afin d’éviter les déchets». Et de détailler les mesures mises en place tel le nouveau gobelet McFlurry, arrivé en Suisse en octobre 2019, qui est fabriqué à partir de cellulose certifiée FSC et PEFC. «De plus, la réduction de la taille de la cuillère permet d’obtenir une diminution annuelle supplémentaire de 17 tonnes de plastique», souligne-t-elle. Au sujet de la nouvelle réglementation en Ville de Genève, la porte parole de McDonald’s précise: «Nous sommes aussi en discussion avec la Ville de Genève au sujet de l'emballage plastique et nous fournirons de plus amples informations en temps utile.»

De son côté, Cédric Waelti, porte-parole du DEUS, stipule que «les fast-foods seront soumis à la même obligation que les autres. C’est une question d’égalité de traitement».