Le foot américain au féminin est de retour sur le terrain

SPORT • A 22 ans, Clarisse Guertchakoff est la toute première joueuse et capitaine de la seule équipe féminine genevoise de flag football, une discipline où l’arrachage de bandes de tissus remplace les plaquages. Rencontre à l’occasion de la reprise après des mois d’interruption en raison du Covid-19.

  • Clarisse Guertchakoff (avec le ballon) est capitaine de l’équipe féminine de flag football  des  Geneva Seahawks. STEPHANE CHOLLET

    Clarisse Guertchakoff (avec le ballon) est capitaine de l’équipe féminine de flag football des Geneva Seahawks. STEPHANE CHOLLET

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«Enfin!» Après des mois sur la touche, les crampons foulent à nouveau le terrain. «On a repris il y a environ un mois, on était surexcitées», lance Clarisse Guertchakoff. Si je vous dis football américain, vous voyez déjà de gros molosses baraqués et casqués se plaquer au sol sur une pelouse verdoyante.

Rien à voir avec cette jeune femme de 22 ans, aux cheveux blonds, aux ongles vernis et au sourire timide, que l’on retrouve dans le bistrot qui sert de Q.G. aux Geneva Seahawks. Le club de football américain de Genève compte en effet une équipe féminine de flag football, un dérivé dans lequel les plaquages sont remplacés par l’arrachage de bandes de tissus accrochées aux joueuses.

L’équipe en question est l’une des premières et des seules de Suisse romande avec Neuchâtel. «Quand on a commencé, en août 2018, j’étais seule avec le coach», se souvient Clarisse Guertchakoff. A l’époque, elle conduit son petit frère aux entraînements et le regarde jouer. «L’esprit de ce sport m’attirait beaucoup. Le fait d’être soudés. Et puis, dans la famille, on a toujours aimé tout ce qui est américain.»

«Je donne mon maximum»

Logiquement, elle demande au coach de son frère, Alexandre Cortes, alias Corto, s’il existe une équipe féminine. La réponse fuse: non. Pas de quoi démotiver Clarisse Guertchakoff. A force d’insister, elle parvient à convaincre Corto. L’entraînement commence. «Au début, ses capacités n’étaient pas terribles. Elle ne courait pas vite et n’attrapait pas bien le ballon», se souvient le coach sans ambages.

La jeune femme est pourtant une férue de sport: judo, badminton, musculation et danse (depuis qu’elle a 2 ans et demi). «En course, j’étais mauvaise, confirme-t-elle. Au début, je me donnais à fond et Corto me disait: «Tu fais quoi? Tu trottines?» Il est toujours là pour nous pousser. A tous les matchs, je donne mon maximum. Pour lui, pour l’équipe.»

Aujourd’hui, elle est ravie de ses progrès. Son coach confirme. Il précise que la saison dernière, elle a été élue meilleure joueuse de son équipe par le comité d’organisation du championnat. «Elle est plus mobile, plus agile et plus rapide», insiste Corto. Des qualités essentielles dans ce sport, bien plus que la puissance. «Au départ, j’étais wide receiver [ndlr: receveur éloigné] et running back [ndlr: demi-offensif ou porteur de ballon]. En défense, je faisais aussi cornerback [ndlr: demi de coin, joueur évoluant en formation défensive], détaille-t-elle. Je suis le couteau suisse de l’équipe. C’est comme ça qu’on me surnomme.»

Début de championnat le 22 août

Désormais, c’est comme quaterback titulaire (ndlr: quart-arrière, un poste offensif) qu’elle officie. Cerise sur le gâteau, elle est capitaine. Après cette pause forcée pour cause de Covid-19, Clarisse Guertchakoff a donc retrouvé ses joueuses, une quinzaine en tout. Même s’il a fallu s’adapter pour respecter les consignes sanitaires, l’équipe est soudée et prête à assurer un beau championnat, qui débutera le 22 août. «Les nouvelles recrues sont les bienvenues, conclut-elle. Les Seahawks, c’est une famille. Moi, aujourd’hui ma vie c’est l’université, mon boulot dans une boulangerie et le foot américain!»

www.seahawks.ch