Un diplôme universitaire ne protège plus du chômage

A l’Université de Genève, 6,1% des diplômés recherchent activement un emploi. Selon une étude, les universitaires représentent désormais, au niveau national, un quart des chômeurs de longue durée.

  • En Suisse, un quart des chômeurs de longue durée de plus de 45 ans  sont des diplômés universitaires. FRANCIS HALLER

    En Suisse, un quart des chômeurs de longue durée de plus de 45 ans sont des diplômés universitaires. FRANCIS HALLER

Depuis leur plus tendre jeunesse, ils ont suivi une scolarité exemplaire. Mais une fois leur diplôme universitaire en poche, ils doivent affronter une longue période de chômage durant leur carrière. Cette situation, ils sont toujours plus nombreux à la vivre. C’est le cas de Stéphane*, un Genevois de 25 ans: «Mes parents m’ont toujours dit que faire des études me permettrait de décrocher le job de mes rêves. Je me rends compte que la réalité est bien différente. Cela fait treize mois que je suis à la recherche d’un emploi dans le marketing. On me répète toujours que je n’ai pas d’expérience, mais c’est normal puisque j’étais étudiant!»

Métier précis

Découragé par les innombrables refus, Stéphane a l’impression que son master en économie ne lui est pas d’un grand secours. Il n’est pas le seul dans cette situation. D’après la dernière enquête sur l’insertion professionnelle réalisée par le Centre de carrière de l’Université de Genève, 6,1% des universitaires sont à la recherche d’un emploi malgré l’obtention de leur diplôme. Une réalité nuancée par Sarah Perret, coordinatrice au sein du programme Jeunes@Work: «L’accès au premier emploi après la réussite d’un diplôme universitaire est plus rapide pour les filières qui préparent à un métier précis comme, par exemple, l’ingénierie. Les titulaires d’un diplôme n’ayant pas de débouchés précis ont une vision moins claire des perspectives professionnelles qui s’offrent à eux.» Avant de rappeler les obstacles que les universitaires doivent surmonter pour trouver un premier job: «On peut citer par exemple la méconnaissance du marché de l’emploi, des postes existants en entreprise, de leur propre projet professionnel pour certains, et surtout d’aller chercher les bonnes informations pour se créer un réseau.»

Chômage de longue durée

Autre motif d’inquiétude, les universitaires représentent désormais un quart des chômeurs de longue durée de plus de 45 ans en Suisse. C’est la conclusion d’une étude de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), commandée par le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO). Cette dernière rappelle également qu’entre 2010 et 2018, le nombre de chômeurs de longue durée a augmenté de 22%, passant ainsi de 65’000 à environ 80’000. Le marasme économique provoqué par la pandémie de coronavirus devrait certainement encore péjorer une situation déjà très critique pour les demandeurs d’emploi, comme le souligne Stéphane: «Depuis la mi-mars, les entreprises genevoises me rient au nez quand je postule. Elles me disent que je dois les recontacter au plus tôt en septembre prochain. Plutôt désespérant quand on recherche activement un job…»

* nom connu de la rédaction