Des blagues salaces aux gestes obscènes, le harcèlement sexuel au travail reste une réalité en Suisse. Le mouvement #Metoo a certes libéré la parole, mais il reste beaucoup à faire. D’où la création par la Conférence suisse des délégués à l’égalité d’un kit, comprenant un guide, des mini-films, des affiches. Ainsi qu’un e-learning développé par l’Etat de Genève. Les explications de la conseillère d’Etat chargée des Ressources humaines, Nathalie Fontanet.
Pourquoi l’Etat intervient-il sur ces questions?
Nathalie Fontanet: C’est d’abord en tant qu’employeur. Car, il ne faut pas l’oublier, prévenir et sanctionner le harcèlement sexuel au travail est une responsabilité de tout employeur. A l’origine, l’Etat a donc développé un e-learning à l’attention de ses collaborateurs(trices). Puis, on s’est rendu compte que beaucoup de PME et entreprises n’avaient pas les moyens de créer de tels outils. On a donc décidé de les mettre à leur disposition.
– Est-ce encore utile? La prise de conscience a déjà eu lieu non?
– Détrompez-vous! On voit encore certaines personnes qui ne sont pas conscientes que leurs remarques, leurs comportements, ne sont pas conformes, pas correctes. Dans le monde du travail, il y a encore toute une série de propos, de regards, de gestes même, qui sont inadéquats. Les auteurs eux-mêmes ou les témoins ne se rendent pas toujours compte de l’impact que cela peut avoir. Quant aux victimes, elles ne savent pas toujours comment réagir, vers qui se tourner.
– Mais alors, on ne peut plus rien dire en effet? On ne peut plus draguer ou séduire?
– Le harcèlement sexuel n’a rien à voir avec de la drague ou avec un rapport de séduction consenti entre deux individus. Toute la différence réside dans le respect et le savoir-vivre. Ce qui est sûr, enfin, c’est que personne ne devrait avoir à venir au travail avec la boule au ventre...