Les concierges en ont gros sur la panosse

GROGNE • Employés par les régies, les concierges sont les garants du bon ordre et de la propreté de nos immeubles. Rencontrés sur les paliers, ces derniers racontent l’envers du décor.

  • Les locataires laissent parfois leurs animaux déféquer dans les allées sans ramasser. MK

    Les locataires laissent parfois leurs animaux déféquer dans les allées sans ramasser. MK

Des gouilles de vin jonchent le sol de l’ascenseur. «Il y en avait dans toute l’allée. C’est le week-end, les gens sont bourrés et voilà le résultat!» lance Manu*, concierge dans un quartier populaire de la rive gauche, alors qu’il s’affaire à nettoyer les dernières taches. Un locataire pressé qui aurait par mégarde renversé sa bouteille? Manu, indigné, n’est pas de cet avis: «Du tout! La personne a traversé l’immeuble avec sa bouteille à la main, goulot vers le bas». Seulement voilà: pas vu pas pris. Et le décrassage est pour la pomme du concierge.

Ce genre d’incivilités est-il plus fréquent en période de fêtes ou de vacances? Réponse sans équivoque de Manu: «Les mauvais comportements des locataires, ce n’est pas que pendant les congés, c’est toute l’année!»

Des caves prises pour des urinoirs

La plupart des concierges dénoncent aussi un comportement incongru de la part de locataires: certains vont jusqu’à faire leurs besoins dans les parties communes en sous-sol. Là encore, nos interlocuteurs sont unanimes: ces locataires le feraient bel et bien exprès. «Un jour j’ai fini par en attraper une. Eh oui, c’était une dame!» confie Léo*, concierge dans un autre quartier de la rive gauche. La locataire lui a simplement rétorqué «J’ai bu trop de bières, je n’ai pas pu me retenir» et s’en est allée rejoindre son logement, sans même un mot d’excuses.

La majorité des dégradations dans les ascenseurs ne portent pas à conséquences pour les habitants qui les commettent. Rares sont les cas où ils se font prendre la main dans le sac. «Un jour, les locataires m’appellent car l’ascenseur est aspergé de vomi. Pas le choix, j’ai dû nettoyer», raconte Katia* qui s’occupe d’un immeuble non loin de la Servette. Après avoir mené sa petite enquête et grâce à un voisin témoin de la scène, le malfaiteur est vite identifié. Katia sonne à sa porte. «C’était tard, j’étais bourré», lance le jeune homme en lui claquant la porte au nez. «Je n’ai rien pu obtenir de plus», regrette-t-elle.

Des déchets insérés dans le trou de l’ampoule, des graffitis sur les murs, des traces de mains ou de pieds sur des vitres qui viennent juste d’être nettoyées, des chiens que leurs maîtres laissent déféquer sans ramasser leurs crottes ou encore simplement des détritus jetés par terre. La liste est longue et les concierges ont tous à cœur de dénoncer ces agissements. «C’est un manque de respect pour nous et pour notre travail. Alors que nous mettons tous nos efforts pour faire régner l’ordre et la propreté dans vos immeubles», soulignent plusieurs d’entre eux. *prénoms d’emprunt

Que font les régies?

MK • Contactée, la section genevoise de l’Union Suisse des Professionnels de l’Immobilier (USPI) se dit tout à fait au courant du problème. Elle prône la prévention plutôt que la sanction en incitant les régies à installer par exemple des lumières qui s’allument au passage ou en engageant plutôt que des sociétés de nettoyage des concierges, qui par leur présence, dissuadent de tels actes.

Quand les dégradations sont constatées, les régies réagissent en général par des communications destinées à l’ensemble des locataires. «En revanche, si quelqu’un se fait attraper, il risque de devoir s’acquitter de la facture de nettoyage ou reçoit un avertissement qui, s’il est répété, peut mener à une résiliation de bail, ou même à une plainte pénale en cas de dommage à la propriété», précise Philippe Angelozzi, secrétaire général de l’USPI.