Lumière et crépuscule

Je plaide ici, depuis des années, pour que la politique soit d’abord une affaire des citoyennes et des citoyens, bien avant que d’être celle des partis. Nous disposons, en Suisse, d’un instrument de rêve pour atteindre cet objectif: la démocratie directe.

On peut parfaitement vivre toute une vie de passion citoyenne sans s’inscrire dans aucun parti, ni se présenter à aucune élection. Il y a mille autres manières de s’engager: comités d’initiatives, associations, etc. Surtout, il ne faut pas idéaliser les partis. Issus de la Révolution française, puis des grands combats du XIXe siècle, notamment autour de 1848, nos partis ont joué un rôle capital, bien sûr, mais ils ne sont pas éternels.

Regardez le PDC: passionnante histoire que celle de ces catholiques conservateurs, en résistance pendant les quarante-trois premières années de la Suisse moderne, puis enfin au Conseil fédéral depuis 1891, puis longtemps deux ministres, puis à nouveau un seul à partir de 2003 (non-réélection de Ruth Metzler). On pouvait croire encore, il y a trente ans, qu’ils avaient pour eux l’éternité, rien n’était plus faux.

Aujourd’hui, dépassés par les Verts au National, privés depuis dimanche dernier, avec la défaite fracassante de Filippo Lombardi, d’un conseiller aux Etats au Tessin, une première depuis 1848. A Genève, des défections, dont celle de l’ancien conseiller d’Etat Luc Barthassat. Que reste-t-il de ce grand parti, qui contribua à faire la Suisse? Eh oui, les partis passent, mais les énergies citoyennes demeurent, et c’est cela l’essentiel.