Un cortège funéraire à cheval? C'est désormais possible

Cortège funèbre • Les familles qui le souhaitent pourront suivre le cercueil de leurs proches jusqu’au lieu d’ensevelissement au cimetière de Saint-Georges.

  • Le convoi funèbre acheminera la dépouille de la chapelle au lieu d’ensevelissement. AG

Le fiacre tiré par un cheval de trait semble exhumer d’une lointaine époque. Le cocher est lui coiffé d’un haut-de-forme et porte une redingote sombre. Ce convoi anachronique, immobilisé à l’entrée du cimetière de Saint-Georges, est pourtant bel et bien à la disposition des familles endeuillées. Explications. 
Tout a commencé en 2021. «Nous avions alors organisé une première cérémonie du souvenir pour permettre aux familles, endeuillées durant la pandémie, de prendre part à un rituel commémoratif», explique Anne Humbert-Droz, cheffe du Service des pompes funèbres, cimetières et crématoire à la Ville de Genève. Des centaines de personnes ont depuis lors participé à cet hommage laïc annuel et à la procession marchant à pas lent derrière une calèche. Un convoi hippomobile qui transporte une urne emplie de messages adressés aux défunts.
Véritable rôle
Alors, quand Shkelzen Hajdari, propriétaire de chevaux de trait à Russin, a contacté les Pompes funèbres pour proposer ses services, Anne Humbert-Droz n’a pas hésité. Mieux, elle s’est souvenue que dans un entrepôt du cimetière, une calèche sommeillait depuis plusieurs années. «Datant du milieu du 19e siècle, elle nous avait été offerte par la commune de Jussy. Entièrement rénovée par nos soins, elle peut désormais accueillir les dépouilles qui seront amenées de la chapelle principale au lieu d’ensevelissement.» Elle est convaincue que ce corbillard hippomobile a un véritable rôle à jouer dans le processus de deuil.  «Les personnes qui viennent de perdre un proche ont besoin de rituels, d’un temps de recueillement. Tout dans la présence d’un cheval appelle à l’apaisement», affirme Anne Humbert-Droz.
Pour Christina Kitsos, conseillère administrative chargée du Département de la cohésion sociale et de la solidarité, dont dépendent les Pompes funèbres, cette nouvelle prestation enrichit le champ des possibles pour les familles en deuil. «Le convoi hippomobile, comme le futur cimetière naturel de Châtelaine, permet de faire évoluer l’accompagnement des proches touchés par un décès pour être au plus près de leurs souhaits dans ces moments difficiles .»
Rien n’est laissé au hasard
Schkelzen Hajdari, à la fois passionné et spécialiste du monde équin, sait lui aussi à quel point ses animaux peuvent offrir du réconfort. «Les chevaux, qui tireront le corbillard, ont été scrupuleusement choisis. Ils sont calmes et aptes à côtoyer des gens sans stresser. Je connais le caractère et les réactions de chacun d’eux. Et puis, pas question de les exploiter sans scrupule. Nous avons prévu des pauses régulières. Les chevaux ont en effet besoin de se nourrir toutes les trois à quatre heures.»   Cette nouvelle prestation, fournie pour l’heure uniquement dans le périmètre du cimetière de Saint-Georges, ne sera évidemment pas gratuite. Les personnes qui y auront recours devront débourser 775 francs.
A la fin de ce mois de mai, les équidés russinois seront investis d’une autre mission, touristique cette fois. Ils seront attelés à une calèche qui accueillera des visiteurs pour un tour de la Vieille-Ville. Partisane de mobilité douce, la cité de Calvin, mise sur le bon cheval.