La culture des années 70

6 NOVEMBRE 1970 • A quoi pouvaient bien s’occuper les Genevois le 6 novembre 1970? Petit tour d’horizon non exhaustif. SP

Télévision ou cinéma? Musée ou théâtre? Le vendredi 6 novembre 1970, les Genevois ont le choix entre Le Procès de Julie Richards sur la Télévision Suisse Romande (TSR) ou Julius Caesar au Ciné 17. Comme le résume joliment le programme de l’époque, le film diffusé sur la TSR «n’est pas un film à thèse, c’est un constat humain». Un film sur une Blanche qui épouse un Noir. Le couple se heurte au racisme. Mais il semble que cela finisse bien. Normal, le film est programmé dans la rubrique Plaisirs du cinéma!

A l’affiche

Les insensibles aux bons sentiments se précipitent voir le beau Charlton Heston en Marc-Antoine. Complots, meurtres, suicides, cette adaptation de la pièce de Shakespeare, Jules César, se déguste saignante. En salle, Woodstock se regarde un pétard au coin de la bouche. Le public averti file à l’Alhambra se rincer l’œil avec Perversion Story, un «super-policier très sexy», qui narre une sombre histoire de machination contre un pauvre homme marié qui a une maîtresse. Mais où est la morale?

Loin de ces perversions, le Casino-Théâtre propose Le Curé de Saint-Amour. Ouf.

Théâtre et musées

Les intellectuels, eux, se rendent au Nouveau Théâtre de Poche assister à la représentation de La Métaphysique d’un veau à deux têtes, après avoir visité le Cabinet des Estampes dans une exposition consacrée aux graveurs suédois contemporains.

Musique

Ce soir-là, rien de bien sexy... Et ce n’est pas le programme des concerts qui va mettre un peu d’animation. En ville, pas de trace de ceux qui font exploser les tympans des ados: Led Zeppelin, The Beatles, alors au bord de la séparation, The Doors ou Black Sabbath (oui, le groupe d’Ozzie Osbourne), Et, alors que l’Amérique se vautre dans la musique subversive, la France, et Genève, écoutent Les Bals populaires de Sardou, Le monde est grand, les gens sont beaux, de Claude François ou Darla dirladada de Dalida. Léo Ferré ou Barbara et son Aigle noir sauvent l’honneur.

Littérature

Les soirs de novembre sont faits pour lire au coin du feu. Le prix Goncourt revient au Roi des Aulnes, de Michel Tournier (voir le panorama de la littérature des années 70 en page 42). Le héros, Abel Tiffauges, voit son destin de criminel de droit commun transformé par la deuxième guerre mondiale. On lui préfère Les poneys sauvages, de Michel Déon, ou même un Maigret, de Georges Simenon. Qui sont toujours délicieux à lire aujourd’hui. n