Des graffitis des années 1940 découverts dans un ancien orphelinat de Carouge

Rédigé par
Mike Niriama
Canton & Communes

Des travaux de maintenance  conduits dans le bâtiment de l’ancien orphelinat de Pinchat, à Carouge, ont permis de mettre au jour plus de 700 graffitis tracés par des orphelines entre 1942 et 1961, qui témoignent de leur vie quotidienne, de leurs plaintes et de leurs rêves. 

Cette découverte exceptionnelle est due à la vigilance d’un concierge de l’université. Les graffitis mis au jour comptent entre 700 et 900 dessins et inscriptions qui se côtoient ou se superposent. L’office du patrimoine et des sites a procédé au relevé photogrammétrique et à l’étude de cet ensemble extrêmement dense. 418 graffitis ont pu être interprétés et 154 d’entre eux ont pu être attribués à 56 personnes dont le passage à Pinchat a pu être renseigné grâce aux fonds conservés aux Archives d’Etat de Genève. 

Les témoignages laissés sur les murs par les orphelines évoquent les moments de détente à l’orphelinat, faits de promenades, de chants et de parties de cache-cache, comme les corvées imposées aux pensionnaires pour cuisiner, nettoyer les locaux et laver, étendre et repasser le linge. Les textes rapportent également les affections nouées entre les résidentes ou les béguins éprouvés à l’extérieur au hasard de rencontres. Mais ils déplorent aussi les moments de solitude et les longues années écoulées entre les murs de Pinchat. Les graffitis font enfin écho au vedettariat de l’après-guerre: chanteurs, acteurs et danseurs. Cependant, pour une question de protection de la personnalité et de la sphère privée, de nombreux patronymes d’orphelines étant inscrits, ces graffitis ne sont pas accessibles au public. 

Bâti en 1915

L’ancien orphelinat de Pinchat a été construit en 1915 par l’Hospice général pour héberger et éduquer les orphelines du canton de Genève. Après avoir accueilli près de six cents pensionnaires depuis sa création, cet établissement a fermé ses portes en 1962 au profit de mesures de protection, d’éducation et de placement. Le bâtiment a alors servi de logement pour étudiants, puis de bureaux et de salles de cours pour l’Université de Genève. 

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