Carouge se prépare pour sa grande mue

Rédigé par
Tadeusz Roth
Canton & Communes

A Carouge, l’énorme dossier du PAV (Praille-Acacias-Vernets) occupe la Municipalité. On fait le point avec sa maire, Sonja Molinari.

De quel projet voulez-vous nous parler? 
Par son impact sur le territoire de notre ville, le PAV (Praille-Acacias – Vernets), revêt un caractère tout à fait particulier, et constitue une nouvelle étape dans l’évolution de notre commune au riche passé y compris urbanistique. En effet, plus de la moitié de ce projet se trouve sur le territoire de Carouge:  les quartiers aujourd’hui à caractère souvent industriel vont, conformément aux planifications cantonales, se transformer et évoluer, pour accueillir de nouveaux habitants et entreprises.  A Carouge, 4 secteurs sont concernés avec des temporalités de mise en œuvre différentes. Il s’agit de Grosselin, du Grand Parc, de l’Etoile ainsi que Praille Ouest (ce dernier maintiendra une offre en surface industrielle ce qui est important). Une telle évolution requiert pour notre ville beaucoup d’anticipation pour préparer l’arrivée des nouveaux résidents: les équipements publics doivent être prévus suffisamment tôt au sein des complexes immobiliers. Il s’agit également de prévoir les espaces publics (tel un grand parc de 8 hectares situé dans le secteur du même nom). Tous ces développements impliquent une gestion et un suivi conséquent pour accompagner les différentes phases afin qu’ils répondent pleinement aux besoins spécifiques de notre ville et des habitants. Pour cela, nous travaillons en étroite collaboration et coordination avec toutes les parties prenantes, Etat, Fondation PAV, autres communes et développeurs privés.

Prenons les espaces publics. Comment cela se présente? 
Nous souhaitons réaliser des espaces de qualité et confortables, qui renforcent le lien social et favorisent  les échanges. Par ailleurs, nous devons aussi répondre aux enjeux actuels, en lien avec le dérèglement climatique. Ainsi, une végétalisation importante est prévue pour assurer ombrage et meilleure qualité de l’air, et une attention particulière est portée à la gestion de l’eau. La remise  à ciel ouvert de la Drize est emblématique. Dans les quartiers,  des secteurs seront réservés à la mobilité active (piéton, vélo) et  aux transports publics. Cela sera le cas, dans les alentours de la future place de l’Etoile. Il est aussi central que les espaces publics tiennent compte des personnes à mobilité réduite et des seniors. A ce titre, il faut garder à l’esprit que la population est vieillissante: aujourd’hui, 15% ont plus de 65 ans, une proportion qui devrait passer à 24% d’ici 2030. Il est donc d’autant plus nécessaire que tout soit parfaitement adapté.

Avec l’arrivée de quartiers, vous prévoyez de nouvelles infrastructures. De quoi s’agit-il? 
Cela concerne aussi bien les écoles, les crèches, ou encore les infrastructures sportives ou culturelles. Ainsi, de nouveaux établissements scolaires seront réalisés (3 écoles primaires sont notamment prévues), L’accueil des nouveaux habitants est aussi  un facteur clef. Tout cela représente un travail conséquent, qui implique toute l’administration communale et ses services dans un travail de coordination et d’anticipation. Cela pose également des défis, en matière financière pour porter ces différentes installations et nouvelles prestations. C’est une question majeure qui est traitée conjointement avec les communes de Lancy et de la Ville de Genève (dont une partie du territoire est aussi dans le PAV) et avec lesquelles nous sommes regroupées en association la «Communauté des Communes urbaines» car les enjeux et les solutions dépassent les frontières communales. 
Parmi les éléments sur lesquels  les villes travaillent je peux citer  des conventions cadre avec l’Etat  et les opérateurs privés, concernant une contribution aux investissements et la mutualisation de  certains équipements sportifs ou culturels.

Votre commune est déjà connue pour sa riche vie culturelle. Les nouveaux quartiers seront-ils aussi bien dotés? 
L’objectif est clairement de maintenir dans les nouveaux quartiers cette richesse, qui contribue et soutient la cohésion sociale et l’inclusion. Pour la culture, nous ne sommes là aussi pas seuls, puisque pour certaines infrastructures nous discutons avec le Canton et les communes voisines, Lancy et Genève. Dans le quartier de l’Etoile, la planification cantonale prévoit un lieu phare culturel. Dans les différents secteurs du PAV de nouvelles infrastructures seront nécessaires et analysées en fonction des besoins. A côté de cela, une piste intéressante (pour des lieux de loisirs pour les jeunes) est celle des infrastructures temporaires en fonction des opportunités offertes par l’évolution des quartiers.

Pour une cité comme la vôtre, qui bénéficie d’un tissu social fort et où il fait bon vivre, comment est perçue cette évolution de taille? 
Comme pour chaque changement, certains voient ça d’un bon œil en termes de développement et de création de logements, et d’autres appréhendent cette évolution, ce qui est compréhensible. Il s’agit de répondre à ces différents questionnements et craintes, et expliquer les différents éléments, les étapes et les objectifs de ce vaste projet. Ainsi, lorsque Carouge a lancé en collaboration avec le Canton un concours (MEP) pour les espaces paysagers de la place de l’Etoile, notre ville a souhaité y associer des représentants des associations de quartier, des associations actives dans la mobilité (comme Le Touring Club ou Pro Vélo), ou celles qui travaillent sur les personnes ayant des besoins particuliers (tels les PMR), ou encore l’AVIVO, sans oublier les représentants des privés actifs à l’Etoile. De manière générale, une approche participative est très importante que ce soit via des séances d’informations, ou autres formes d’échange. L’objectif pour notre commune porté par le Conseil administratif aussi bien que par le Conseil municipal consiste avant tout à faire en sorte que ce développement permette à la population à venir, ainsi qu’aux usagers et personnes qui y travaillent de retrouver ce «bon vivre»  dans les nouveaux quartiers également.

Plus personnellement, comment voyez-vous ces changements pour Carouge? 
Il s’agit d’une nouvelle étape dans l’évolution de notre belle ville. Pensons à la construction entre 1958 et 1973 des tours de Carouge, qui a représenté un changement important. Le PAV, est un morceau de notre ville et une partie centrale de l’agglomération aura une densité du bâti très forte. Cela devra impérativement s’accompagner par une qualité exemplaire. La temporalité est aussi un élément clef car ces projets s’inscrivent dans des temps longs et dans le cadre qui est donné par les planifications cantonales. La marge d’action communale est dans ce sens limitée. Il est dès lors d’autant plus important pour nous d’accompagner activement ces évolutions avec notre connaissance des besoins et notre regard pour que ces derniers puissent être considérés le plus tôt possible, ce qui simplifie le processus. Car in fine, si le résultat n’est pas à hauteur de la population c’est à la commune que les habitants s’adressent. Autre facteur important pour des quartiers vivants: des rez-de-chaussée actifs et occupés par une diversité de commerces de proximité et d’entreprises artisanales, qui jouent un rôle très important dans la vie de la ville. Ces acteurs doivent pouvoir y trouver des conditions favorables, cela nous tient particulièrement à cœur. Un travail initié par notre ville sur la programmation des rez-de-chaussée a d’ailleurs suscité beaucoup d’intérêt des partenaires. Je suis confiante car avec un travail concerté et la collaboration de tous, les objectifs pourront être atteints.
 

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