
Auditée par la Cour des comptes, la ville de Lancy se voit encouragée à mieux coordonner son plan climat et la gestion de sa fondation immobilière. Une démarche pionnière qui pourrait inspirer d'autres communes genevoises.
Troisième ville du canton et dotée d’un plan climat ambitieux, Lancy a été passée au crible par la Cour des comptes genevoise. L’audit, publié fin mai, aboutit à plusieurs recommandations concrètes.La première préconise de renforcer la cohérence entre la politique communale et l’action de sa fondation immobilière. Bien que cette dernière soit contrôlée par la commune, elle agit aujourd’hui de manière trop autonome. Une convention d’objectifs est donc en préparation pour l’aligner sur les ambitions énergétiques de la Municipalité car la fondation immobilière gère de nombreux bâtiments générateurs de gaz à effet de serre.
Le deuxième axe soulevé vise à mieux planifier l’action dans le temps. Le calendrier des rénovations (isolation, efficience énergétique) ne reflète pas encore pleinement l’urgence climatique. La Cour suggère aussi d’installer un système informatique de suivi des émissions et de nommer un chef de projet pour piloter la transition énergétique.
Une mission à visée pédagogique
Lancy, qui cumule taille critique et leviers d’action (notamment en tant que propriétaire d’un parc immobilier conséquent via la Municipalité et sa fondation immobilière), représentait un bon terrain d’expérimentation. « C’est en analysant les bons élèves qu’on identifie les leviers concrets de mise en œuvre », explique Pierre-Henri Pingeon, président de la Cour.
Par cet audit, la Cour des comptes veut inciter les collectivités à s’engager davantage dans leurs politiques publiques en matière de climat. L’objectif n’était pas de sanctionner, mais d’accompagner. « Nous avons agi comme un cabinet de conseil à moindres frais », résume David Pizzinato, responsable de l’audit.
Un modèle pour d’autres communes
La Cour ne compte pas en rester là et entend étendre ses capacités d’audit à d’autres communes, en jouant un rôle moteur. « Nous avons adressé une lettre de synthèse à l’Association des communes genevoises pour partager nos conseils et recommandations », souligne Pierre-Henri Pingeon. Par cela, la Cour veut créer une dynamique collective avant qu’un jour, prévient-il, « notre discours positif ne laisse place à une logique de contrôle et de dénonciation dans les années à venir »
« Environ 70 % des communes genevoises disposent d’une fondation immobilière, et les bâtiments représentent 60 % des émissions cantonales de gaz à effet de serre », rappelle Pierre-Henri Pingeon. « Autant de raisons pour passer à l’action. »