Carouge: un collectif accuse la mairie de dysfonctionnements

Rédigé par
Tadeusz Roth
Canton & Communes

COMMUNES • Un groupe d’habitants de la Cité sarde reproche des irrégularités au Conseil administratif. La commune se défend de tout manquement. 

«Nous, citoyennes et citoyens de Carouge, libres et indépendants, nous sommes pris d’une angoisse grandissante face aux rumeurs insidieuses qui errent dans nos rues pavées. Des inquiétudes qui assaillent nos esprits.» Voilà les premières lignes d’un courrier adressé à notre rédaction pour pointer de potentiels dysfonctionnements de la part de la mairie de Carouge. Parmi les points reprochés, les citoyens en colère s’interrogent notamment sur la nomination de la maire de la commune, Stéphanie Lammar, au poste de présidente du conseil d’administration des TPG. Les auteurs estiment que cette nomination aurait pour conséquence: «un désintérêt manifeste de l’élue pour son mandat au conseil administratif». Et de s’interroger également si ces deux casquettes n’empiéteraient pas l’une sur l’autre, que ce soit en termes de temps ou de risque de collusion:  «Est-il juste que les deux fonctions de Madame Lammar se rejoignent dans la gestion du projet du parking de Vibert Sardaigne, alors que les demandes pèsent sur le budget du projet?». 
Parmi les nombreux griefs formulés à l’encontre de la conseillère administrative socialiste, les signataires du courrier dénoncent également une attribution «discrète» de mandat à des associations dont ferait partie Madame Lammar, ce qui soulèverait «des questions fondamentales sur l’intégrité de la gestion municipale». 
Autre point, le courrier considère que la gestion de la fondation immobilière de la Ville de Carouge pose elle aussi des questions. «Peut-on vraiment passer sous silence le fait qu’un nouvel élu se permette de garder bien au chaud un mandat de sa propre société au sein de cette Fondation?». 
Enfin, la gestion managériale au sein de la Mairie est elle aussi pointée du doigt. «Dans les coulisses, les murmures d’insatisfaction se font de plus en plus forts, témoignant d’une détresse latente parmi le personnel, notamment en raison d’un management d’un autre temps. 
Fonctionnement de la mairie
Interrogée sur ces différentes accusations, Stéphanie Lammar se dit surprise et choquée. Pour elle, le contenu de ce courrier indique une méconnaissance du fonctionnement de la Mairie, et contient aussi de nombreuses informations partielles et même fallacieuses. 
Notamment en ce qui concerne ses responsabilités aux TPG, pour lesquelles elle balaye catégoriquement les accusations du collectif. «Le mandat de Conseiller administratif est rémunéré en fonction d’un taux d’activité à 60%. En l’espèce, si durant 13 ans j’ai fait bien plus que du 60%, à bien plaire et au service de la population, il n’en demeure pas moins que le pourcentage de travail (et les indemnités y afférentes) à la mairie n’a jamais été augmenté. Je m’y conforme actuellement. Quant à la présidence des TPG, il ne s’agit à nouveau pas d’un poste à temps plein, comme l’est le directeur général de l’entreprise. Il s’agit d’un temps partiel tout à fait compatible avec un 60%. Le conseil d’Etat ne m’aurait du reste pas nommée si cela n’avait pas été analysé et jugé compatible», rassure l’élue. 
En ce qui concerne le fond, la magistrate rappelle qu’elle n’est ni chargée de la mobilité, ni de l’aménagement du territoire, qui relèvent d’un autre département. «Il n’y a donc aucun conflit d’intérêts avec les services dont je m’occupe et qui ne sont pas en lien avec les TPG. Quand au parking Vibert-Sardaigne, il n’y a pas non plus de conflit d’intérêts: le projet est toujours en discussion au sein du Conseil municipal qui a seul compétence de le voter ou non». L’élue rappelle en outre que son rôle consiste à définir la stratégie générale, et non pas à gérer l’entreprise au quotidien. 
Intentions malveillantes? 
Concernant les autres interrogations, Stéphanie Lammar affirme ignorer quels mandats auraient été donnés à des associations dont elle est membre, à l’exception de l’OSEO (œuvre Suisse d’entraide ouvrière), avec qui les RH de la commune collaborent depuis des années. «Je noterai que lorsque j’ai accepté la présidence de l’OSEO en 2018, je l’ai fait justement parce que je ne m’occupais ni du social ni des RH». 
Pour ce qui est de la Fondation immobilière de la Ville de Carouge, la conseillère administrative rappelle qu’elle est autonome de la mairie. «Un représentant du Conseil administratif y siège, mais uniquement avec voix consultative», précise-t-elle. 
«Je suis outrée par les affirmations de ce collectif qui soit a manqué des plus élémentaires vérifications, soit est animé par des intentions malveillantes et agit ainsi de manière masquée et fort peu honorable. Je trouve que de jeter le discrédit sur le Conseil administratif de Carouge sans avoir procédé à la moindre vérification est pour le moins regrettable», conclut Stéphanie Lammar. 

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