Home-jacking: le témoignage poignant d'une victime genevoise

Rédigé par
Tadeusz Roth
Société

VIOLENCE • L’appartement de ce septuagénaire hémiplégique a été complètement saccagé par les malfrats. Son cas n’est pas isolé.  Au contraire, ce mode opératoire est en progression depuis 2021.

Durant la nuit, à 23h, j’ai été attaqué par quatre individus mal intentionnés. Ils ont escaladé la gouttière extérieure, atteint le balcon puis sont entrés dans ma chambre, la fenêtre étant ouverte à cause de la canicule. Sous la menace, j’ai naturellement remis tous les objets qu’ils convoitaient.
Voilà le témoignage d’un retraité genevois vivant dans un village de campagne sur la rive gauche, encore profondément marqué par les faits survenus fin juin. «Je les félicite pour leur bravoure: ciblé un homme de 72 ans, affaibli, handicapé, victime d’un AVC, hémiplégique du côté gauche. Je les remercie d’avoir saccagé ma maison avec de l’eau de javel, d’avoir détruit mon téléphone et de l’avoir jeté dans les toilettes…»
Heureusement, la victime reste lucide et déterminée. Elle affirme ne pas se laisser abattre: «Je vais bien, compte tenu des circonstances. Le moral est bon!», rassure-t-elle.
Hausse constante
Contactée, la police confirme une hausse marquée des home-jackings entre 2021 et 2024, avec un passage de 4 à 13 cas. Certains profils sont-ils plus ciblés? «Le nombre de cas reste trop faible pour identifier des zones ou profils types. Cependant, les auteurs s’en prennent généralement à des logements affichant des signes extérieurs de richesse. Par ailleurs, l’exposition de biens de valeur sur les réseaux sociaux peut éveiller des convoitises. Les malfaiteurs, attentifs à ces signaux, n’hésitent pas à se confronter les victimes pour obtenir l’emplacement de coffres ou d’objets précieux», explique la lieutenante Aline Dard, chargée de la communication en prévention et porte-parole de la police genevoise.
Que  faire?
La représentante de l’ordre rappelle les bons réflexes en cas d’intrusion violente à domicile : «La priorité est la sécurité. Il faut garder son calme, éviter les gestes brusques et rester lucide. Il est conseillé de coopérer sans résistance, de ne pas chercher à dissimuler ses biens, ni à fuir ou crier tant que le danger est présent.»
Elle ajoute qu’il ne faut pas s’interposer: «Mieux vaut observer discrètement et mémoriser des détails utiles (voix, vêtements, accent…) sans fixer les agresseurs. Si des  personnes vulnérables, comme les enfants sont présentes, il faut tenter de les  rassurer discrètement. »
Aline Dard explique qu’en cas d’usage disproportionné de la force –si l’agresseur est blessé ou tué – la victime peut être pénalement poursuivie. La légitime défense ne s’applique que si la riposte est immédiate et proportionnée. Dans la majorité des cas, ne pas résister reste la meilleure option pour préserver sa vie.
Des précautions importantes
Enfin, la police affirme que des gestes simples peuvent renforcer la sécurité : «Il est essentiel de sécuriser son logement, même si aucun système n’offre une protection absolue. Il faut savoir que des individus déterminés parviennent souvent à entrer en exploitant des failles comme une fenêtre ouverte. «Et puis, trop souvent, les alarmes ne sont pas activées lorsque les occupants sont présents. Pourtant, il existe des systèmes nocturnes adaptés, qui se déclenchent en cas d’effraction ou via un bouton d’alerte relié à une centrale. Ces dispositifs n’empêchent pas l’agression, mais peuvent dissuader ou faire fuir les intrus rapidement.»

Prendre le contrôle des victimes

Comment justifier la violence des assaillants alors que la plupart du temps les victimes sont âgées? Comme l’affirme la police cantonale, les malfrats ne visent pas seulement les aînés. Quant à l’usage de la force? «C'est souvent pour des raisons psychologiques, stratégiques et contextuelles que les auteurs agissent. Ils cherchent à prendre le contrôle de la situation. Ils veulent que leurs proies soient dans un état de sidération afin de les neutraliser. Peu importe leur âge ou leur profil. La violence verbale et physique des agresseurs augmentent leur pouvoir de persuasion. Lorsque plusieurs personnes sont impliquées, la dynamique de groupe peut intensifier la violence, même lorsqu'elle n'est pas nécessaire. Agresser sert à intimider, dominer et s'assurer du succès de leur opération.

En savoir plus