
ESPACE PUBLIC • «Dépôt illicite de nourriture destinée aux animaux sur le domaine public (…) Montant à payer: 160 francs.» Voilà le courrier reçu par Monique*, une retraitée genevoise de 77 ans sanctionnée dans le quartier de Champel pour avoir lancé quelques graines destinées aux oiseaux.
De quoi provoquer une avalanche de réactions, notamment sur les réseaux sociaux. «C’est disproportionné. Un tel montant pour des faits anodins? Comment en est-on arrivé là?», s’interroge un internaute. «C’est triste de voir que plutôt que de protéger les personnes âgées souvent agressées physiquement ou verbalement on perd son temps à les ennuyer encore plus pour des peccadilles», commente un autre. «N'aurait-il pas été plus judicieux de lui expliquer pourquoi il est important de ne pas nourrir les pigeons par exemple à cause des nuisances qu'ils peuvent générer? Simplement avoir un peu d'empathie pour une dame de 77 ans qui n'a peut-être pas beaucoup d'autres distractions que de nourrir ces volatiles?», s’interroge un troisième.
Dans la masse de commentaires, certains prennent toutefois la défense de la police. «Dura lex, sed lex. Tout le monde devrait savoir qu'il est interdit de donner à manger aux pigeons pour éviter leur prolifération», assure un profil. Mais malgré ces considérations légales, pour Monique, le mal est fait. «Je n’arrive pas à relativiser, je ne digère plus rien. Aujourd’hui, j’ai pris rendez-vous avec une psy pour m’aider», évoque la retraitée en détresse.
Dépôts de nourriture interdits
Du côté des autorités, la loi est effectivement sans appel. La Ville de Genève rappelle que l’article 9 du règlement sur la salubrité et la tranquillité publique indique qu’«il est interdit de déposer sur le domaine public de la nourriture destinée aux animaux de quelque espèce, notamment les oiseaux». Des dispositions auxquelles il faut ajouter des mesures spécifiques depuis un balcon d’immeuble, régi par les règles et usages locatifs du canton de Genève applicables aux immeubles soumis à la Loi générale sur le logement et la protection des locataires ou à la Loi générale sur les zones de développement.
L’article 36 énonce que, «dans l’intérêt de l’ensemble des locataires, il est interdit:
– de nourrir les pigeons, mouettes et autres animaux pouvant salir et endommager l'immeuble;
– de jeter quoi que ce soit par les fenêtres ou les balcons, de secouer des tapis, nattes, brosses, balais, chiffons, etc. dans les escaliers et paliers, aux fenêtres et hors des balcons».
Les conseils de la Station ornithologique suisse
«Le nourrissage n’est pas nécessaire pour protéger les oiseaux. Les espèces qui fréquentent les mangeoires ne sont pas menacées en Suisse et sont bien adaptées aux conditions de vie de nos régions. Toutefois, l’hiver, certains oiseaux apprécient les mangeoires, qui peuvent parfois les aider à survivre lors de longues périodes de gel, de pluies verglaçantes ou lorsqu’un épais manteau de neige recouvre le sol. Au printemps et en été, il n’est ni nécessaire ni recommandé de leur proposer de la nourriture.»