Assurance-malade: est-ce vraiment payant de changer de caisse?

Rédigé par
Gil Egger
Société

SANTÉ • La valse des primes d’assurance- maladie revient aussi sûrement que... le cirque Knie à l’automne. Qu’allez-vous faire? Tour d’horizon des possibilités qui s’offrent à vous. 

Vous avez une caisse-maladie? Normal, c’est obligatoire. S’y ajoutent les complémentaires. Alléger ces charges est tentant! Oui, mais quelles sont les possibilités qui s’offrent à vous d’ici au 30 novembre, date butoir pour envoyer votre lettre de résiliation à votre caisse-maladie? Plongeons-nous dans cette jungle.
Assurance de base: qui bouge?
Premier constat, l’OFSP (Office fédéral de la Santé publique) dispose d’une montagne de statistiques. Au total, 12% des assurés ont changé d’assureur ou de modèle d’assurance là où ils sont affiliés, en gros cela représente un million d’individus. Richard, courtier en assurances maladie, autrefois indépendant et désormais salarié, d’où son devoir de discrétion, cite une étude récente qui estime que le coût d’un changement, pour l’ensemble du système, peut atteindre des centaines de millions. Les chiffres officiels et l’estimation de Comparis les articulent plus modérément à 200 millions de francs (140 pour la publicité et les commissions, 60 pour l’administration). Beaucoup d’argent, mais une paille comparée aux prestations nettes versées, de 34,6 milliards, et aux primes encaissées de 35,3 milliards (chiffres de l’OFSP). Selon «Comparis.ch», le site connu pour ses comparaisons, une minorité de citoyens change souvent. Il convient aussi de mentionner la majorité qui ne change pas. «Souvent, les personnes qui restent dans leur caisse maladie sont celles qui ont les primes les plus chères.» Et pour Comparis, Felix Schneuwly de citer son cas: «Depuis que cette possibilité existe, en gros 28 ans, j’ai changé cinq fois et j’ai calculé que cela représentait une économie de 30 000 francs. Ma femme n’a jamais changé et quand je lui ai communiqué ce chiffre, elle m’a répondu que c’était son argent et que, puisque j’avais fait des économies, je pourrais bien les utiliser pour nous deux!» Pourquoi ne pas changer? Une autre composante intervient: le degré de satisfaction du client. Pour Comparis, il convient d’examiner celui-ci et de le considérer comme un critère en regard de celui du tarif. Car, pour donner un exemple, la caisse la moins chère se montre très restrictive pour les contacts: toute l’administration doit passer par internet, tout ce qui est médical commence par une sorte de consultation téléphonique. Pas question d’aller chez son médecin de famille de son propre chef.
Complémentaires: attention!
Pour ce qui est des complémentaires, le délai est dépassé. Il a été fixé uniformément au 30 septembre, sauf quelques exceptions en juin et en cas de modification du tarif. Là, prudence, prudence! Car il y a bien des chances que la nouvelle compagnie vous regarde d’un œil méfiant et demande un examen de santé. Exemple personnel: une opération du dos voici huit ans entraînerait un refus immédiat, ou une réserve, sur tout problème du même genre. Alors l’économie éventuelle peut se transformer en cauchemar s’il faut assumer soi-même les frais d’une nouvelle intervention. La question se pose différemment pour les personnes jeunes et en bonne santé. Le passage d’une assurance à l’autre peut valoir une économie substantielle. Dès lors, comparez, chaque année ou tous les deux ou trois ans.
L’anomalie des réserves
Enfin, Richard met le doigt sur une anomalie: «Les réserves devraient suivre le client. Celui qui change devrait pouvoir en profiter, selon l’usage plus ou moins modéré qu’il a fait des prestations. Ce n’est pas prévu et c’est un gros gain pour les assureurs.» Ohé, Messieurs les députés, une idée à creuser?
Autre élément troublant: le changement peut faire baisser les primes, mais pratiquement aucun bénéficiaire de subvention ne se donne la peine de comparer et de changer. Normal, quand ce n’est pas nous qui payons, pourquoi se faire du souci?
Alors un conseil? Richard précise: «Il n’y a pas de règle générale, seulement des situations personnelles. En général, en tant que conseiller, je dis toujours que si vous êtes satisfait, ne touchez à rien. Si cela se passe bien, que les primes n’augmentent pas trop, est-ce que cela vaut le coup de bouger? Pour gagner quelques francs, et voir quelques années plus tard que la caisse quittée est redevenue plus avantageuse que celle que l’on a rejointe?»  

Les principaux comparateurs: www.priminfo.admin.ch, www.bonus.ch www.comparis.ch

Différence théorique

En prenant l’assurance la plus chère dans nos régions, la prime revient à 565 fr. par mois, la moins chère à 385 fr. Dame! 180 fr. par mois, cela compte! Sauf que presque personne n’est affilié à la plus chère et que la plus économique a des conditions drastiques quant au choix du médecin, à l’administration, etc. En utilisant les sites de comparaison, il est facile de constater que la plupart des différences se résument à une dizaine de francs par mois, voire un peu plus. Dans sa réponse à nos questions sur le coût des changements, l’OFSP nous affirme que «Les seuls coûts de changement identifiables sont les frais de commission et de publicité, qui représentaient en 2023 pour tous les assureurs de l’assurance obligatoire des soins (AOS) respectivement 12,5 millions de francs (commissions versées à leur propre personnel), 46,5 millions de francs (commissions versées à des tiers) et 80 millions de francs (frais de publicité), soit un total d’environ 139 millions de francs.» Ce qui ne comprend aucun des coûts internes des entrées et sorties et du conseil. D’où l’estimation de certaines caisses qui parlaient d’un demi-milliard voici quelques années.

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