
COMMERCE • La flambée de la taxe auto inquiète les particuliers et les pros de l’occasion.
Hélène avait racheté le véhicule d’une de ses amies. La jeune femme qui habite à la rue de Carouge et travaille à proximité a décidé, il y a quinze jours, de se séparer de sa voiture. Mais voilà. Son annonce a paru peu de temps après que le couperet fiscal ne tombe. Entendez la hausse sans précédent de l’impôt auto. «De 200 francs, le montant a triplé. Autant dire que le prix de vente a été revu à la baisse. De toutes les façons, je n’avais pas le choix, sans ce compromis, je n’aurais sans doute jamais trouvé preneur», affirme-t-elle.
Une véritable flambée
Le témoignage d’Hélène fait écho au choc des propriétaires de véhicules catégorisés polluants dont l’impôt a augmenté parfois de 500%. Pour rappel, l’affaire, qui a fait grand bruit dans l’hémicycle a conduit l’Etat à réexaminer la loi et à prévoir un échelonnement des paiements. Tandis que le MCG a proposé un moratoire pour la taxe 2025 et l’UDC a remis sur la table son projet de loi pour la réduction de moitié de cet impôt.
En attendant, un secteur est sur le qui-vive. Les vendeurs de véhicules d’occasion s’inquiètent de ne plus pouvoir trouver d’acquéreur. A l’instar d’Ilir Bajraktari de Gold Automobiles SA à Meyrin. «Depuis deux semaines, je reçois plusieurs appels par jour émanant de particuliers qui veulent se défaire de leur ancien véhicule. Comme ce couple d’octogénaires dont la taxe est passée de 300 francs à 780 francs. J’ai racheté le véhicule car je sais que ces retraités ne roulent pas sur l’or. Je peux aussi vous citer le cas de deux autres retraités qui, décidant de quitter la Suisse pour s’installer dans un autre pays, voulaient laisser leur voiture à leur fils. Mais face au montant fiscal, ce dernier a décliné l’offre. son cas n’est pas isolé. Mon parc d’occasion s’est beaucoup agrandi ces derniers jours.» Si les propriétaires de véhicules anciens se bousculent, les acheteurs sont à la traîne.
Comme l’assure le responsable de Gold Automobiles SA: «Je sais que ce secteur va ralentir à Genève. Une solution consisterait à les vendre dans d’autres cantons comme le Valais.»
Grille tarifaire
Mais ce n’est pas tout, Ilir Bajraktari affirme que depuis la fin novembre, il est régulièrement sollicité par des personnes souhaitant connaître le montant des taxes 2025. «A telle enseigne, que j’ai préparé une grille établissant les différents tarifs que je conserve en bonne place sur mon bureau», reprend-il.
Marc Barman, qui dirige Perly Automobiles, reste dans l’expectative comme celles et ceux qui attendent de savoir s’ils devront se délester de leur vieille voiture. «J’attends de voir comment l’Etat va traiter ce dossier. Je partage la colère des personnes qui ont un petit pouvoir d’achat et qui n’ont pas les ressources pour s’acheter une nouvelle automobile. Quant à la bonne marche des affaires, j’ai la chance d’avoir une flotte d’occasions qui compte à la fois des modèles relativement récents et des plus anciens. C’est ce qui peut permettre d’atteindre l’équilibre. Car si la taxe est maintenue en l’état certains modèles seront invendables.»
Et l’électrique?
Urs Burger, président de l’Union professionnelle suisse de l’automobile (UPSA) et directeur d’Emil Frey Vernets comprend l’inquiétude des personnes visées par cette hausse autant que celle de ses confrères. «Nous étions opposés à cette loi qui, on le constate maintenant, péjore durement les foyers à bas revenus. Et ceux qui voudront revendre leur voiture verront sans doute le prix divisé par deux. Sans compter que cette nouvelle taxation comporte une autre aberration: certains détenteurs de véhicules électriques paieront eux aussi davantage. L’imposition est calculée en fonction du poids et non de l’absence d’émission de CO2.