
Les pouvoirs publics suisses s’activent pour soutenir la Genève internationale, qui vacille face à la crise du multilatéralisme et la baisse des contributions. Des voix s’élèvent pour appeler la Confédération à aller plus loin.
Dans un contexte de « crise géopolitique et financière profonde », comme le souligne Nicolas Bideau, porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), la mobilisation des autorités helvétiques devient un enjeu stratégique et symbolique majeur pour soutenir la Genève internationale, en proie à une réduction drastique des contributions financières de pays donateurs, en particulier des États-Unis qui en représentaient jusqu’à 26 %.
La Confédération appelée à s’engager
Malgré les aides ponctuelles et les investissements immobiliers accordés de longue date par la Confédération, de nombreuses voix réclament un engagement plus ambitieux. « Le silence de la Suisse pour défendre Genève internationale est complice des discours nationalistes », dénonce Carlos Sommaruga, conseiller aux États, qui en souhaite « une stratégie claire et urgente ». Le conseiller national genevois Nicolas Walder ajoute de son côté : « La Confédération n’en fait pas assez », appelant à la création d’une « représentation permanente pour défendre la Genève internationale, comme il y en a une sur la question des taxes et de leurs augmentations ».
Sauver un écosystème
Si la politique étrangère est de la compétence de la Confédération, les autorités du Canton et de la Ville de Genève ont quant à elle déjà réagi et tentent de développer des dispositifs concrets comme des mécanismes de chômage pour les personnels d’ONG, espérant ainsi « maintenir un tissu dynamique autour des institutions internationales »
Béatrice Ferrari, directrice des affaires internationales à la Ville de Genève, rappelle que cette crise « ne touche pas seulement Genève, mais surtout les personnes en difficulté sur le terrain. Toutefois, ce sont de nombreux emplois à Genève qui sont menacés et tout l’écosystème des institutions internationales ».
Redéfinir le multilatéralisme
La fragilité du multilatéralisme n’impacte pas la seule Genève Internationale. Elle s’inscrit dans un climat tendu qui remet en question les modalités de fonctionnement des relations internationales depuis l’après-guerre-. « La Suisse ne peut rester isolée. Elle doit redéfinir le multilatéralisme avec l’Europe, en appelant à un front commun avec les États qui partagent une vision universelle du droit » recommande Nicolas Bideau.