"La Ville de Genève veille à créer un environnement favorable pour les entreprises"

Rédigé par
Adélita Genoud
Genève

Rencontre •  Si la Ville de Genève a bouclé ses comptes 2024 sur un excédent de près de 10 millions de francs, elle reste prudente quant à son avenir fiscal. Rien d’étonnant dès lors, qu’elle dorlote les quelque 30’000 entreprises installées sur son territoire. Sa délégation dédiée à l’économie, composée de trois magistrats dont le grand argentier, Alfonso Gomez, a élaboré une stratégie et une feuille de route qui court jusqu’en 2030 et que coordonne, Pascal Rocha da Silva, en poste depuis le 1er janvier 2023. Interview.

GHI: Le grand public peine à comprendre en quoi consiste concrètement votre fonction. Pouvez-vous l’éclairer? 
Pascal Rocha Da Silva: Avant d’être force de propositions pour la politique économique de la Ville, je suis allé à la rencontre des petites et grandes entreprises, des faîtières comme la Chambre de commerce, d’industrie et de services de Genève ou la Fédération des entreprises romandes, des artisans, des professions libérales, des commerçants ou encore des industriels. En quelques mois, j’ai effectué plus de 200 rencontres et j’ai accompagné les autorités de la Ville dans près de 50 réunions avec des acteurs économiques. C’est en les écoutant, en comprenant leurs besoins, leurs difficultés et leurs attentes qu’une véritable stratégie a pu être développée par la Délégation à l’économie.

La Ville manque de surfaces suffisamment amples pour accueillir des grandes entreprises, ses bâtiments parfois vétustes sont énergivores, ses loyers sont élevés. Quels atouts restent dans sa manche? 
Sa situation. Certains secteurs ont l’impérieuse nécessité d’être au cœur du canton. La qualité de vie reste également un élément central. Elle inclut la sécurité des biens et des personnes, l’imposante offre culturelle ainsi que sportive et la diversité des commerces, dont la restauration. Cette attractivité est telle que peu d’espaces sont aujourd’hui vacants. Les entrepreneurs ne désertent donc pas la ville et nous constatons que lorsque des surfaces sont libres, elles sont relouées rapidement.

L’horlogerie, qui en 2023 figurait parmi les gros contributeurs, est davantage à la traîne, nourrissez-vous des craintes pour le futur?
Il s’agit plutôt d’une phase d’ajustement après une période de forte croissance. Mais en vérité, si le volume a baissé, le montant des ventes  – car il s’agit de marques de luxe – reste important.

Quelles sont les principales requêtes formées par les entrepreneurs? 
Il y a une demande assez forte en matière de pistes cyclables et voies vertes, de fluidité du trafic, surtout pour les artisans, ainsi que s’agissant des places de crèches. 

Quelles actions facilitent aujourd’hui la tâche des chefs et créateurs d’entreprises? 
La mise en place d’un portail qui centralise toutes les marches à suivre quel que soit le domaine, de la demande de soutien à la gestion des déchets. Le programme événementiel aussi, avec l’accueil des nouvelles entreprises au printemps, la soirée durabilité des entreprises en novembre lors de la Semaine du climat, notre participation aux multiples prix qui honorent les performances entrepreneuriales. Tout ceci concourt à créer de la visibilité, à favoriser le réseautage entre les sociétés, à instaurer le dialogue avec les autorités. Ces différents leviers nous ont permis d’aller à la rencontre de centaines de professionnels qui constituent notre tissu économique. Et puis, des programmes, conçus et portés la Ville elle-même comme Mon entreprise durable (accompagnement et soutien financier) et Mon entreprise digitale, favorisent des transitions écologiques et numériques, ouvrant de nouvelles perspectives pour leurs bénéficiaires.

Observateur proactif de la place économique genevoise, comment la caractérisez-vous? 
Le territoire compte une multitude de véritables pépites en matière de fintech (technologies innovantes dans le domaine des services financiers et bancaires). C’est aussi le cas concernant la biotechnologie, je pense notamment aux recherches menées sur l’autisme dans le pôle de Sécheron. Il y a par ailleurs, intra-muros, un vivier créatif remarquable. Des projets émergent avec l’intelligence artificielle pour la réduction des besoins énergétiques ou encore pour la limitation des retours de colis du commerce en ligne. La Ville est là pour simplifier des démarches administratives, encourager l’innovation ou accompagner les transitions numériques. L’une des priorités de la délégation économique, c’est de créer un environnement favorable pour les entreprises à toutes les étapes de leur développement. 

Les commerces physiques ne sont pas toujours logés à bonne enseigne, comment volez-vous à leur secours? 
En les aidant à la transition numérique pour leur communication, en cherchant des solutions concernant la mobilité des consommateurs (les autorités viennent de publier les résultats d’une étude sur ce sujet), en priorisant les demandes pour les quelque 1500 arcades appartenant à la Ville.

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