
ADMINISTRATION • Les convocations pour le contrôle technique indiquent clairement qu’aucun délai ne peut être accordé. Pourtant, un simple appel à l’Office suffit à en obtenir un. Les autorités se défendent.
«Important: aucune prolongation de délai ne sera accordée. Prenez donc rendez-vous suffisamment tôt!». Ecrite en gras sur la convocation au contrôle périodique par l’Office cantonal des véhicules, l’information ne fait en apparence pas de doute. Si vous n’avez pas pris rendez-vous à temps pour l’inspection de votre voiture, alors aucun recours ne semble possible. Au verso du document, il est même précisé que «la prise de rendez-vous tardive n’est pas un motif valable pour le report de la date-limite».
Seule solution? «Cette convocation ne peut être annulée que par le dépôt de plaques (en cas de plaques interchangeables, par l’annulation du permis de circulation du véhicule convoqué)», indique la missive.
A la réception de ce courrier du bureau des autos, il y a de quoi être pour le moins inquiet. Surtout lorsqu’on découvre que les quatre garages «agréés» pour effectuer ces visites n’ont plus aucune date à proposer avant le délai imparti. Mais là, surprise! Au téléphone, les quatre réceptionnistes sont unanimes et indiquent à chaque fois que des délais peuvent s’obtenir facilement par un simple appel au bureau des autos.
L’une d’elles laisse d’ailleurs paraître une pointe d’exaspération lorsqu’on lui signale l’indication trompeuse : «Je ne comprends pas pourquoi cela figure sur cette feuille. Mais vous n’êtes pas seul dans ce cas.»
A ce stade, le propriétaire du véhicule a donc deux informations contradictoires. Le bureau des autos nous aurait-il menti sur un document officiel? Ou les garages seraient-ils mal renseignés?
Un coup de fil à l’Office cantonal des véhicules suffit à en avoir le cœur net: le délai est octroyé quasiment sans question et sans aucun frais, par téléphone. Il faut se rendre à l’évidence: on ment ici sans vergogne au citoyen. Lorsqu’on questionne la personne au bout du fil sur la formulation problématique, elle nous répond sans sourciller qu’il s’agirait d’un choix politique pour encourager les personnes à prendre rendez-vous le plus rapidement possible.
Demande de prolongement
Les Genevois seraient-ils donc si irresponsables qu’il faudrait leur mentir pour qu’ils réalisent leurs démarches à temps?
Contacté, le Département de la santé et des mobilités (DSM) confirme qu’un délai peut tout à fait être obtenu. «La mention que vous évoquez a pour objectif de rendre les gens attentifs au délai qui leur est imparti pour le contrôle périodique de leur véhicule. Une demande de prolongement du délai peut être adressée à l’OCV. Celle-ci doit toutefois être exceptionnelle et dûment motivée et ne doit pas être effectuée quelques jours avant l’échéance de la date initiale», détaille Sophie Davaris, secrétaire générale adjointe au DSM.
Infantilisation?
Mais alors, pourquoi mentir? «C’est une règle qui doit être appliquée et sert également à sensibiliser les usagers à ne pas essayer de planifier un rendez-vous à la dernière minute», se défend le Département. Qui ajoute que lors d’une prise de rendez-vous tardive non possible chez un des quatre délégataires, une proposition de passage dans les délais à l’OCV doit être proposée.
Pour la satisfaction de l’usager, il est donc possible, selon les cas, d’obtenir quelques jours de délais. Ceci doit toutefois rester une exception.
Pris la main dans le sac, le Canton, qui rappelle que ces documents sont rédigés par la direction de l’Office, envisage-t-il de faire disparaître ce message des prochaines convocations? Réponse du Département: «Non».
Il faut donc encore s’attendre à recevoir ces informations erronées, mais assumées par nos autorités.