
Energie solaire • Genève pourrait dès la rentrée 2025-2026 accueillir ses premières formations continues.
«On réfléchit à lancer des modules courts sur quelques jours, pour former les professionnels qui travaillent déjà sur les toits, des ferblantiers, des électriciens, des couvreurs», explique Jean-François Mino, coordinateur pour la transition énergétique du Groupement des métiers techniques du bâtiment (MBG). «Mais rien n’est encore confirmé. Le projet est en phase de finalisation.»
Rien d’officiel donc, mais les discussions sont en cours depuis plusieurs mois. Il n’existe actuellement aucune formation pratique à la pose de panneaux photovoltaïques dans le canton. Ceux qui souhaitent se former doivent en effet se rendre au TB Technique du bâtiment à Lausanne. Cette absence de parcours pour les poseurs s’explique, en partie, par un marché encore émergent et en développement.
Un apprentissage trop long
«Il y a deux ans, tout le monde pensait que le photovoltaïque allait exploser. Aujourd’hui, la demande progresse peu. Les prix de l’énergie ont baissé, les incitations financières aussi, et les entreprises n’ont pas massivement augmenté leur activité dans ce domaine», résume Jean-François Mino. «On ne veut pas promettre du travail à des jeunes qu’on formerait pour rien.»
Un constat partagé par Nicolas Rufener, secrétaire général de la Fédération genevoise des métiers du bâtiment (FMB). «Le problème du CFC solaire, c’est qu’il dure trois ans, mais très peu d’entreprises sont prêtes à former sur une si longue durée, et encore moins à engager ensuite. Beaucoup préfèrent former en interne des collaborateurs déjà qualifiés dans des métiers voisins.»
Complémentarité
La réalité du terrain n’ayant pas permis aux deux CFC d’installateur et de monteur solaire lancés à la rentrée 2024 au niveau fédéral de trouver leur public, la filière n’a pas pu être créée à Genève. Le développement du solaire passerait donc par la formation continue. «Un panneau solaire, ce n’est jamais qu’une tuile améliorée. Les compétences de base existent déjà dans les métiers du bâtiment. Il faut les compléter, pas les remplacer», poursuit Nicolas Rufener.
C’est justement cette complémentarité que les nouvelles formations viseraient à renforcer. Elles permettraient aux professionnels de se familiariser avec les types de panneaux, les raccordements, les normes de sécurité ou encore l’intégration sur différents types de toitures.
L’idée d’une collaboration intercantonale avec Vaud est aussi sur la table, pour éviter de multiplier les offres, faute de demande. Car selon les deux interlocuteurs, le risque est grand de faire fausse route. «On a vu ce qui s’est passé à Fribourg, avec le Groupe E qui a formé 300 jeunes dans le solaire, et qui en a licencié 200 quelques mois plus tard», rappelle Jean-François Mino.
Alors, faut-il croire encore à l’avenir du solaire? «Oui, le résultat des votations genevoises sur le sujet ce dimanche 18 mai le démontre, qui met en place un cadre normatif cohérent et pragmatique. C’est plus que jamais le moment pour les propriétaires de procéder à ce tournant!» conclut Nicolas Rufener.