En appelant à voter oui à l’étape d’aménagement 2023 des routes nationales, le Conseil d’Etat genevois s’aligne sur le Conseil fédéral et le parlement suisse. De quoi s’agit-il? Berne prévoit la réalisation de six projets précis, 5 en Suisse alémanique et un en Suisse romande, soit l’axe reliant le Vengeron à Nyon qui serait alors élargi à deux fois trois voies sur une distance de 19 kilomètres. Quels sont les arguments du gouvernement quand il affirme que ces investissements – un peu plus de 5 milliards financés par un fonds dédié – sont cruciaux pour le canton? Les explications du ministre, de la Santé et des Mobilités, Pierre Maudet.
GHI: Pourquoi les Genevois devraient-ils se prononcer en faveur de ces aménagements?
Pierre Maudet: Ce tronçon n’est que le premier d’un contournement périphérique qui doit conduire à terme jusqu’à Bardonnex. Si les Genevois refusent alors, nous aurons de la peine à convaincre l’Office fédéral des routes (OFROU) de délier sa bourse pour le financement des cinq autres segments.
Les opposants craignent que cet élargissement autoroutier n’entre en collision avec le plan climat. Ont-ils tort?
Je sais que ceux qui appellent au non postulent que l’on ne peut pas résoudre le problème de demain avec des arguments d’hier. Or, ils veulent résoudre les problèmes de circulation en l’éliminant. Tout le monde sait que cela ne marche pas ainsi. J’ajoute que les véhicules privés, de plus en plus propres, impactent moins le climat. Ensuite, le rail n’offre pas de capacités extensibles. Ce sera même l’inverse pendant les dix ans à venir où les cadences seront ralenties. Enfin, on constate que lorsque des infrastructures, c’est le cas de la route des Nations, récemment inaugurée, existent, le trafic de transit se détourne des communes qu’il traverse. C’est donc un gain en termes de pollution, de quiétude et de sécurité pour les habitants qui résident dans les communes pénétrantes.
Si on devait résumer la vision de l’Etat sur la mobilité?
Pour simplifier il s’agit de créer des accès routiers périphériques afin de délester la circulation intra-muros. Ceci a une multitude d’effets bénéfiques sur l’ensemble des usagers de la route. On peut ainsi augmenter la vitesse commerciale des transports publics et répondre aux besoins des cyclistes qui veulent des sites les plus sécurisés possibles. Le ministre de la Santé que je suis ne peut qu’abonder dans ce sens, sachant les vertus de l’exercice physique. Genève et la France voisine bougent en matière de moyens de transport. Par exemple, le co-voiturage à Thônex-Vallard s’accélère. Et puis, la technologie avance aussi. Les véhicules autonomes sont depuis quelques jours autorisés sur les routes suisses, il faudra bien des couloirs pour les accueillir. Enfin, il ne faut pas oublier non plus le trafic international. Les camions – eux aussi de plus en plus propres – doivent pouvoir assurer les livraisons car le rail ne peut pas absorber la totalité de ce fret indispensable aux entreprises.
En clair, le trafic routier doit emprunter la ceinture à condition qu’elle soit aisément praticable et les personnes qui veulent entrer à Genève doivent stationner leur voiture dans des park and ride?
Oui. Un parking de 700 places va être aménagé près de l’aéroport proche de la nouvelle gare routière (remplaçant celle de la place Dorcière). Ce modèle-là doit prévaloir. C’est bien pour que chacun puisse se déplacer quel que soit le mode de transport utilisé, que cette 3e voie est non seulement utile mais nécessaire.
Il n’empêche, que dire à ceux qui craignent que ces nouvelles infrastructures n’empiètent sur des terres agricoles?
La réalisation du premier segment (Vengeron-Nyon) va mordre sur une zone équivalente à quatre terrains de foot. On ne peut pas dire que ce soit exagéré.