LM - Volontiers tape-à-l’œil et tapageur, “The Substance” a fait sensation à Cannes, permettant à la formidable Demi Moore de faire son grand retour dans un rôle jusque-boutiste et bouleversant.
Une actrice vieillissante et nostalgique du sommet de sa gloire décide de prendre un produit qui générera un double d’elle-même, en plus jeune, plus belle et plus sexy. Mais seulement voilà : la jeune et parfaite créature va bientôt vouloir être plus qu’un simple double rajeuni. Voilà un film qui a fait couler autant d’encre dans la presse que de sang à l’écran. Volontiers tape-à-l’œil et tapageur, “The Substance” a fait sensation à Cannes, raflant au passage le Prix du Scénario, a permis à la formidable Demi Moore de faire son grand retour dans un rôle jusque-boutiste bouleversant, et poussé des spectateurs à sortir des projections avant la fin tant il est gore.
Il faut dire qu’elle est vénère, la réalisatrice Coralie Fargeat, et sacrément même. “The Substance” est un film de rage et de colère, contre le male gaze, le patriarcat, le culte de l’apparence, le narcissisme, le jeunisme entretenus par une société obsédée par l’image. Alors que tout Internet semble être obsédé par les corps parfaits, et si possible pas trop habillés, de moins de vingt-cinq ans, la réalisatrice dégomme ce culte de la perfection avec un récit pyromane qui va consumer un un un tous ses personnages dans une allégorie outrancière au gore grand-guignol et à l’humour acerbe. Si le film est à ne pas mettre entre toutes les mains, son propos est résolument sain et pertinent, voire même salvateur et en tous cas libérateur. Voir Demi Moore dégommer son double jeune et joli à coup de poulet rôti, d’aligot et d’andouillette, ça n’a pas de prix, même quand les corps explosent façon puzzle et que ça gicle de partout (du gras, du sang, des tripes, de la chair !). La belle est la bête.