Uni Mail fait face à la saleté

Rédigé par
Tadeusz Roth
Genève

PROPRETÉ • Etudiants et enseignants pointent l’état général de l’établissement. L’université promet  du changement.  

«Les tables, même aux premières heures de la journée, sont souillées. A tel point que je passe toujours une lingette désinfectante afin que mes ouvrages ne soient pas tachés. Les sols eux sont fréquemment jonchés de déchets. Ce n’est pas un cadre idéal pour travailler. Et puis les étages sont aussi régulièrement squattés par des sans-abri et par leurs affaires, ce qui prend de la place et nous dérange quand ils font du bruit. Sans parler des toilettes, qui manquent clairement d’entretien. Je trouve dommage qu’un effort supplémentaire ne soit pas fait par la direction», témoigne une jeune étudiante en droit d’Uni Mail, fâchée par le manque d’entretien de l’établissement universitaire. Même son de cloche du côté des enseignants: «On voit des endroits sales presque tous les jours, c’est dommage. Mais c’est aussi la faute de certains étudiants qui ne respectent pas l’état des lieux ou – par exemple – qui fument dans les toilettes. Heureusement, certains ascenseurs sont désormais réservés à la communauté enseignante, ce qui a amélioré la situation. Mais c’est vrai que l’Université pourrait faire mieux!», confirme une prof, qui préfère rester anonyme. 
Un tour sur place confirme ces témoignages: dans les étages, on retrouve plusieurs détritrus et emballages abandonnés sur les tables, des murs parfois décrépits ainsi que ce qui ressemble à des panneaux de chantiers mal entretenus ou encore un pigeon qui se promène – peinard – au troisième étage. Dans les étages, plusieurs personnes vulnérables transportant leurs nombreuses valises et sacs, sont attablées. Certaines discutent bruyamment au téléphone, d’autres laissent traîner leurs boissons et s’étalent quelque peu, sous l’œil étonné de plusieurs jeunes. «Ne pourrait-on pas leur trouver un autre lieu au chaud?», s’interroge notre étudiante? 
Bâtiment ouvert au public
Questionnée sur la problématique, l’Université se dit au courant de soucis de saleté «ponctuels», régulièrement signalés. Comment expliquer cette situation? «Uni Mail accueille quotidiennement plusieurs milliers d’étudiants, de collaborateurs et de personnes externes. Le bâtiment est ouvert au public, sans contrôle d’accès, ce qui implique un passage constant et un usage particulièrement intensif des espaces communs. Des épisodes de saleté peuvent se produire entre deux interventions des équipes de nettoyage», détaille le directeur de la communication, Marco Cattaneo. Qui précise que les signalements entraînent l’intervention «rapide» des services concernés. Mais ce n’est pas tout. L’Université rappelle avoir franchi le cap des 18’000 étudiants, une progression qui va nécessairement de pair avec de nouveau défis pour garantir des conditions d’études adéquates.
«Plusieurs mesures ont déjà été mises en place. Une application permet de suivre en temps réel la fréquentation des bibliothèques. Des espaces supplémentaires de travail et de réunion ont été aménagés à tous les étages d’Uni Dufour. Un nouveau bâtiment est en construction à Quai Vernets, un autre verra le jour sur le quai Ernest-Ansermet», assure Marco Cattaneo. Concernant la présence d’une population en difficulté, le directeur de la communication rappelle que les bâtiments de l’UNIGE sont des lieux publics. Et d’ajouter: «Leur utilisation est toutefois encadrée par des horaires et des règles claires, visant à garantir la sécurité et le respect de chacun. Les utilisateurs sont tenus d’y avoir un comportement correct et de ne pas gêner les autres personnes présentes, ni le voisinage. La mendicité y est proscrite. L’Université peut interdire l’accès à ses locaux à toute personne ne respectant pas ces consignes.» 
Enfin, des pistes sont actuellement étudiées en vue d’amélioration. «Cela porte sur plusieurs axes comme la formation du personnel et un renforcement de la coordination avec les services sociaux cantonaux et municipaux. L’institution s’attache aussi à optimiser l’information aux personnes en situation de précarité afin de mieux les orienter. Elle le fait en veillant à l’équilibre entre sa mission académique et l’accueil respectueux de toutes les personnes présentes dans ses bâtiments», détaille encore Marco Cattaneo. 

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